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L’Appel du sol d’Adrien Bertrand

réédition du Prix Goncourt 1914

Article du 17 novembre 2014, publié par Brice Parent (modifié le 17 novembre 2014 et consulté 351 fois).

L’Association des anciens élèves et l’École alsacienne réédite le roman d’Adrien Bertrand, ancien élève de l’École alsacienne, qui reçut le prix Goncourt 1914. Édition critique de Pierre de Panafieu, préface de Laurent Gaudé.

L’Appel du sol sera mis en vente à l’occasion de la soirée d’inauguration de l’École et de de la journée portes ouvertes.

Qu’ils soient simples anonymes ou personnalités célèbres, l’École alsacienne aime particulièrement retrouver la trace de ses anciens élèves et avoir de leurs nouvelles.
Il arrive parfois que les retrouvailles se déroulent tardivement et prennent alors un tour historique… C’est le cas avec Adrien Bertrand, élève à l’École de 1899 à 1903.

Pierre de Panafieu, directeur de l’École alsacienne et agrégé d’histoire, en quête de matière pour le centenaire de 1914, découvre dans les archives de l’École qu’un certain Adrien Bertrand est le lauréat du prix Goncourt 1914. Son nom figure aussi sur le monument aux morts.

Un Goncourt « alsacien » dont on ignorait l’existence ! La lecture de ce livre, devenu quasi-introuvable, achève de le convaincre qu’une réédition s’imposait. Il en fait aussitôt part à Laurent Gaudé, autre ancien élève lauréat du Goncourt (2004), et lui propose d’en écrire la préface.

Après avoir scanné un exemplaire ancien et restauré une nouvelle copie fidèlement à l’original, le travail d’historien commence.

Qui étaient Adrien Bertrand et son frère cadet Georges à qui il dédie son livre ? Dans quelle mesure son roman relate-t-il des faits réels ? Pourquoi le prix Goncourt 1914 est-il attribué a posteriori en 1916 ? Pour quelles raisons connaît-on aujourd’hui plus Les croix de bois ou Le feu de Henri Barbusse que L’appel du sol ?

Recherches et lectures, investigation à Nancy où sont conservées les archives de l’Académie Goncourt : le voile d’oubli tombé sur L’appel du sol se lève peu à peu et Pierre de Panafieu répond à toutes ces questions dans un avant-propos très documenté.

On y apprend notamment qu’Adrien Bertrand est mort à 29 ans en novembre 1917, des suites d’une blessure par éclat d’obus reçue dès le début du conflit en septembre 1914. Que ce sont ces premiers mois de guerre qu’il vit, ainsi que le carnet de route de son frère Georges, qui l’inspirent pour écrire aussitôt en convalescence L’Appel du sol.

Juriste de formation, il avait entamé en 1908 une carrière de journaliste et collaboré à plusieurs journaux : Gil Blas, Le Siècle, L’Homme libre de Clemenceau. Il menait également une activité d’écrivain et poète qui s’accenta encore davantage une fois réformé pour invalidité, publiant au total une dizaine d’ouvrages, romans, essais et recueils de poèmes.

Avec L’Appel du sol, il semble mû par un besoin impérieux de voir son ouvrage reconnu avant sa mort qu’il sent très proche. Conquis à la quasi-unanimité (9 voix contre 1 pour Maurice Gennevoix), le jury du Goncourt lui remet effectivement le prix 1914 en 1916, conjointement à Henri Barbusse qui, lui, est lauréat pour l’année 1916 avec Le feu.

Assez déroutant dans sa construction, ce roman alterne deux registres. D’une part un style sec, nerveux, au ton parfois très moderne, pour décrire avec réalisme l’horreur de la guerre. D’autre part, des dialogues philosophiques, par lesquels les personnages cherchent à trouver un sens au carnage qu’ils vivent et dont ils savent qu’ils n’en réchapperont pas.

On passe de la bravoure épique du début à l’idée de sacrifice « morne, triste, simple et patient ». Passé l’enthousiasme fébrile, on ressent l’angoisse de la mort, la terreur dans l’attente, l’absurdité et la perte de foi ; seul le patriotisme persiste jusqu’à la fin.

Dans sa préface très juste, Laurent Gaudé, auteur familier de grandes tragédies humaines qui a d’ailleurs écrit sur 14-18 (Cris, 2000), nous incite à voir l’espoir sous-jacent dans L’Appel du sol, bien au-delà des accents nationalistes que véhicule forcément le titre.

Il invite notamment les plus jeunes d’entre nous à tirer une leçon de l’Histoire, à apprécier qu’un demi-siècle plus tard Adrien Bertrand ait été exaucé dans ses vœux d’humanisme et d’union des nations, vœux placés dans la bouche de son personnage Vaissette : « J’ai rêvé d’un monde ici-bas, […], où les frontières seraient abolies. Et j’espère que le soleil luira un jour sur des générations qui ne connaîtront plus les guerres. J’avais aussi une religion : celle de l’humanité. Et j’ai mêlé cette religion à mon culte pour la Patrie. J’ai cru que c’est pour cela que j’avais ressenti aux premières heures du danger un tel frémissement et depuis lors une si vaste tendresse pour cette terre. »

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