Sommaire

Sommaire

Recherche

Nous suivre

newsletter facebook twitter

Connexion

Vous n'êtes pas connecté.

Séjour paisible à Amsterdam, par Rodolphe Cabocel

Article du 4 juin 2012, publié par PO (modifié le 5 juin 2012 et consulté 115 fois).

La Nouvelle vague fantastique : Table des matières


Séjour paisible à Amsterdam

Rodolphe Cabocel

Ah ! Qu’est-ce que ça fait du bien de prendre des vacances ! Etre une infirmière de nuit est vraiment fatigant. Je voulais me rendre à un endroit où je n’étais jamais allée et où les musées en font une destination de détente. Enfin, je me décidai. Je pris le premier avion vers la destination où je voulais aller. Et donc, me voilà à Amsterdam contemplant les œuvres les plus connues de Van Gogh. Ayant appris et admiré assez de choses, je me décidai à rentrer à l’hôtel où je restais. Malgré mon empressement à retrouver ma chambre, je m’arrêtai à un marché . Je me précipitai vers un stand d’archéologie. Il y avait de tout : des vieux pots, des anciens instruments, etc… Mais, cependant, la chose que je vis en dernier m’intéressait le plus. C’était une petite statuette aux yeux rouges qui me faisaient penser à du sang. Il fallait que je l’achète ! Je donnai la statuette au vendeur et demandai son prix. Bizarrement, le vendeur me la rendit en disant que c’était gratuit. Il me regarda droit dans les yeux avec un léger sourire, puis, il eut même un fou rire. Je sortis de la tente un peu surprise, pris mon vélo et me rendis à l’hôtel. Je déposai ma statuette sur ma table de nuit. Le lendemain, j’étais impatiente de visiter l’exposition des arts aztèque et des arts mayas. Arrivée, j’entrai et je découvris la section des aztèques en premier. Puis, je courus à la partie des mayas. Il fallait dire que ces deux civilisations avaient un art très proche. Mais les mayas mettaient dans leurs œuvres quelque chose en plus que je préférais. En sortant, il me sembla que j’avais aperçu un objet que j’avais déjà vu auparavant. Je retournai à la section mayas, heureusement, l’entrée était gratuite. Je regardai de mes yeux la statuette que j’avais achetée enfermée dans une cloche en verre. Je m’aperçus que celle-ci n’était pas la mienne quand je vis ses yeux. Ils n’étaient pas rouges mais d’un vert profond qui faisait penser à la vie . Quand je regagnai à petits pas la porte de sortie, je jetai un dernier coup d’œil à la statuette. Celle-ci avait la tête tournée dans ma direction et ses yeux me fixaient. Prise de panique, j’appelai la sécurité : je leur expliquai ce qui s’était passé, mais j’avais tellement peur que je bégayai. La sécurité commençait à se moquer de moi :

— Elle est probablement entrée dans un de ces cafés !

Je rentrai à l’hôtel sans voix. La porte de ma chambre était ouverte. Mon lit était défait et il y avait un chariot de nettoyage juste devant le cadavre d’une femme de ménage. La pauvre était sur le sol à côté de ma table de nuit. Je sursautai. Soudain, une autre personne entra. C’était une deuxième femme de ménage. Elle s’approcha da la statue pour la nettoyer avant de voir le sang puis le corps. Elle voulut s’enfuir mais la statuette pivota et la regarda avec des yeux qui étaient passés de rouges à noirs. Et la deuxième femme de ménage tomba et mourut elle aussi la gorge tranchée. C’était la faute de la statuette. Je pris la statuette. Ses yeux venaient de retourner au rouge, mais dès que je la touchai, ils étaient immédiatement redevenus noirs. La paume de ma main me faisait atrocement mal. Je lâchai prise, fermai ma main, puis la rouvris. Gravé dans ma peau, il était marqué « non » . Toutes mes pensées se troublaient ; moi qui avais toujours été une personne logique et rationnelle. Et voilà qu’une statuette s’amusait à tuer des femmes de ménage dans ma chambre d’hôtel. Je n’eus plus le temps, plus le temps de réfléchir, pas le temps de me mettre un pansement. Je pris toutes mes affaires à l’exception de la statuette et quittai cet hôtel maudit. Quand j’eus franchi la porte principale, ma main recommençait à me faire mal. Elle était encore en train de tailler quelque chose dans ma main : « non ». Je retournai donc dans ma chambre. Avec les affaires que les femmes de ménage avaient laissées, je nettoyai tout le sang, et déposai leur cadavre dans l’armoire. J’avais décidé de ne rien essayer pour l’instant, puisqu’à la moindre chose étrange, la statuette me fissurait la main. Je dormis pendant des heures. A mon réveil, rien n’avait changé. Je pris mon téléphone portable, j’allai dans la salle de bain, et fermai la porte. La statuette ne pouvait pas me voir. Je sus que c’était risqué mais j’avais perdu ma patience. J’appelai le musée et je leur demandai d’envoyer un spécialiste. La peau de ma main commençait à noircir. Je ressortis de la salle de bain et la statuette arrêta immédiatement de brûler ma main. Le spécialiste arriva finalement. Quand je le vis, je lui dis que j’avais quelque chose à lui vendre. Je lui montrai la statuette. Il était émerveillé ; et tout de suite il dit :

— Combien pour la statuette ?

Je lui répondis avec un léger sourire puis carrément un fou rire :

— C’est gratuit !

Depuis, des personnes ont des petites morts passagères dans ce musée.

École alsacienne - établissement privé laïc sous contrat d'association avec l'État

109, rue Notre Dame des Champs - 75006 Paris | Tél : +33 (0)1 44 32 04 70 | Fax : +33 (0)1 43 29 02 84