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2004-2007, la ligne du cœur
2004, 2007, novembre, Roissy, une même destination : l’Ecole du Cœur « Anh Linh » au Vietnam. Deux groupes : le premier assez homogène, celui des « 7ème et collège » et de l’entrée dans l’adolescence ; 14 filles et 8 garçons, contents de cette opportunité d’autonomie et de découverte au bout du monde. Le second, plus conséquent, ciblait tous les cycles de l’Ecole alsacienne (primaire, collège et lycée). Composé de 28 élèves, 18 filles et 10 garçons, il alliait le charme et la spontanéité de l’enfance avec les 7ème, à la maturité des lycéennes expérimentées et motivées puisqu’elles avaient fait le choix d’un second voyage.
Pour tous, le même enthousiasme et une grande impatience de la future rencontre avec leurs pairs de cette petite école des faubourgs d’Hô Chi Minh Ville. Ils avaient hâte de les côtoyer même s’ils les connaissaient déjà, souvent depuis plusieurs années grâce aux liens tissés essentiellement par voie épistolaire. Une fine préparation aiguisait cette envie de partage dans la réalité d’un quotidien à vivre aux côtés de ces enfants à l’existence si différente.
Ce dynamisme et cet enthousiasme sans faille seront constants durant les deux séjours. Une motivation inébranlable malgré le décalage horaire, les multiples changements climatique et alimentaire entre autre, ainsi que l’éloignement des proches. Cette même énergie se retrouvait du côté de l’Ecole Anh Linh, anciennement « Tan Tuan », où la volonté, la créativité sans relâche et l’innovation pour trouver des solutions aux différents problèmes étaient constamment tangibles. Un seul but : améliorer les conditions de vie scolaire, travailler pour que le droit à l’éducation pour tous puisse se concrétiser. Pour nombre d’enfants vietnamiens, l’implication de cette petite équipe d’enseignants va bien au-delà de leur scolarité puisqu’elle leur garantit aussi un minimum alimentaire grâce au déjeuner pris au sein de l’Ecole.
Le second voyage a permis de voir la vivacité et l’intensité de cet engagement mais aussi la rapidité d’utilisation des fonds octroyés par l’intermédiaire des actions menées notamment à l’Ecole alsacienne. En effet, l’un des moments privilégiés de 2007 fut la visite du collège, construit entre nos deux séjours. Phase capitale de l’histoire de l’Ecole Anh Linh puisque cette réalisation constitue pour bon nombre d’élèves, l’unique moyen d’accès au cycle secondaire. Ce phénomène s’explique d’une part par le coût de la scolarité au Vietnam et d’autre part, par une limite d’âge pour entrer au collège. Bien d’autres projets étaient en réflexion afin de répondre aux nombreux besoins. Jeux partagés, joies exprimées dans et hors l’école, sans préoccupation du barrage de la langue mais dans un climat de spontanéité et d’authenticité extrêmement touchant. Le plaisir des élèves vietnamiens semblait d’autant plus intense qu’ils ont l’habitude de recevoir des adultes étrangers qui apportent leur soutien plutôt que des enfants du même âge. Du côté oriental, leurs chaleureux sourires, leur bienveillance et leur souci de l’autre donnent tout son sens au mot accueil. Il faut aussi mentionner les rencontres avec les petits du jardin d’enfants de Phu Xa. En effet, l’Ecole alsacienne intervient également auprès de cette petite structure de la banlieus d’Hô Chi Minh Ville, qui reçoit des filles et garçons défavorisés. Les différents classes s’avèrent bien organisées et très vivante, peuplées de jeunes enfants fort attachants dans leur envie de contact et leur détermination.
Quant à la découverte d’une partie du Vietnam, l’approche pluridisciplinaire du pays mais plus largement d’un continent et surtout d’une culture a, sans nul doute marqué chaque élève. Les domaines appréhendés notamment sous l’angle historique et géographique ont intéressé chacun d’entre eux. Ils incluaient des aspects sociologiques, religieux et même gastronomiques par l’intermédiaire des visites et activités soigneusement choisies par les organisateurs. Cette imprégnation du dedans a montré rétrospectivement l’impact profond et indélébile sur les enfants comme souvent lors des classes de découverte, si fréquentes à l’Ecole.
Il ne s’agit, bien sur, que d’une action ciblée qui s’inscrit dans un jumelage entre deux écoles distantes de milliers de kilomètres. Grâce aux émotions et sensations liées à cette expérience si particulière, un enracinement en profondeur peut s’opérer. La continuité de cette audacieuse entreprise est un atout majeur et il nous semble opportun qu’elle puisse se pérenniser. Une des particularités de ce périple, c’est d’être, à ma connaissance, le seul qui concerne à la fois les trois structures de l’établissement. Dans l’avion du retour, mon jeune voisin de 7e, un peu nostalgique, me dit qu’il voulait s’imprégner des dernières images d’Hô Chi Minh Ville au hublot afin de prolonger encore un peu cette belle aventure. Il ajouta « de toutes façons, dans trois ans, je serai du nouveau voyage ». il avait anticipé mais aussi programmé la fréquence de ces rencontres. Il traduisait comme la plupart des filles et des garçons du groupe, son désir de poursuivre ce travail de solidarité, enrichis qu’ils étaient de cette première rencontre. C’est une des voies pour montrer à nos enfants, la diversité de la planète. Elle permet, en outre, d’affiner leur réflexion et leur analyse afin de mieux s’orienter dans notre monde si complexe, en plus d’œuvrer pour une Terre plus solidaire. L’objectif est, me semble-t-il, de leur donner accès à une citoyenneté ouverte à ce qui nous entoure, apportant à nos jeunes une culture humaniste, développant leurs compétences sociales et civiques tout en favorisant leur autonomie et leur prise d’initiatives. Cette démarche vise incontestablement à accroître leur motivation, leur créativité et leur maturité. Elle entre dans la politique volontariste de l’Ecole alsacienne. De toute évidence, il ne s’agit pas d’une simple réponse aux directives ministérielles mais d’une aventure humaine authentique et très constructive pour nos enfants qu’ils vivent à une extrémité ou l’autre de notre globe. Si ce voyage n’a touché qu’une minorité d’élèves déjà engagés dans un partenariat spécifique de solidarité avec l’Ecole Anh Linh, souhaitons, en tant que parents, que d’autres expériences « hors les murs » puissent voir le jour et s’intégrer au corps vertébral de l’Ecole alsacienne. Cette expérience illustre très bien la pensée de Claude Levy-Strauss sur la richesse des échanges interculturels lorsqu’il écrit : « la diversité des cultures humaines ne doit pas inviter à une observation morcelante ou morcelée. Elle est moins fonction de l’isolement des groupes que des relations qui les unissent. »
Nicole Monnier, médecin accompagnateur, parent d’élève
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