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Huitième semaine du cinéma (février 2010)
du 8 au 12 février 2010
Pensez à réserver vos places en ligne.
La Semaine du cinéma est organisée en partenariat avec Loca Images, Positif et Pathé.
L’Aventure du Théâtre du Soleil de Catherine Vilpoux, 2009, 75’
Un film écrit, filmé, réalisé et monté par Catherine Vilpoux
produit par : Marie Balducchi
Directeur de la photo : Emmanuelle Collinot
Ingénieur du son : Yolande Decarsin
Direction de production : Emmanuelle Koenig
avec des musiques originales de : Jean-Jacques Lemêtre
Coproduction : arte France, agat Films & Cie, théâtre du Soleil, Ina.
À travers de nombreux documents inédits sur la naissance du Théâtre du Soleil en 1964, des
extraits de spectacles, des séances de travail, des étapes de voyage de la troupe à l’étranger, des témoignages d’amis et de collaborateurs, le film retrace le parcours emblématique d’Ariane Mnouchkine, ses inspirations, son rêve de théâtre, son amour du cinéma, le lien exceptionnel qu’elle a tissé avec le public. Ou le véritable engagement tant
artistique que politique d’une femme d’exception qui, depuis plus de quatre décennies, anime et accompagne le travail d’une troupe de théâtre qui entend ainsi « ré-enchanter le monde »…
Catherine Vilpoux, qui a déjà co-réalisé en 1995 le film Au Soleil même la nuit, documentaire sur le travail de répétitions du Tartuffe à la Cartoucherie, cherche ici à faire apparaître une part peut-être plus intime de la fondatrice du Théâtre du Soleil. En la faisant réagir aujourd’hui sur les archives filmées des débuts « mythiques » du Théâtre du Soleil, en égrenant les grandes étapes de la turbulente histoire de la troupe—depuis les premiers pas de théâtre universitaire aux Arènes de Lutèce à la fin des années 50 jusqu’aux représentations en tournée de son dernier spectacle Les Éphémères en 2008—en s’arrêtant ici sur l’aventure du tournage du film Molière en 1977, ou là sur l’accueil des familles maliennes sans-papiers à la Cartoucherie en 1996, le film dessine la particularité de la présence active et enthousiaste au sein de sa troupe d’un des plus grands metteurs en scène contemporains. Forte de sa passion sans faille pour le théâtre et pour la fraternité humaine dont il devrait
être la célébration, Ariane Mnouchkine nous révèle ici la part secrète qui l’anime, celle de l’enfance, une enfance qu’elle nous encourage à préserver en chacun de nous.
« Tous ceux qui ont assisté à un spectacle du Théâtre du Soleil en
ressortent avec le sentiment d’avoir vécu une aventure. Quelque
chose de plus grand que la vie et qui, en même temps, parle de la vie.
Un voyage qui replace l’Histoire et la société sous un jour nouveau,
qui enrichit l’esprit et le cœur, et dont la force dramatique insuffle au
public une foi étonnante en l’avenir. »
Liv Ullmann, présidente du jury du Prix Ibsen 2009.
En présence de la réalisatrice Catherine Vilpoux.
Soirée animée par Olivier Daunizeau, Producteur de films documentaires.
La Fausse suivante de Benoît Jacquot, 2000, 95’
Avec Sandrine Kiberlain, Isabelle Huppert, Mathieu Amalric …
Une riche jeune fille décide de se travestir en chevalier afin de lier connaissance avec son prétendant… Plutôt que de reconstituer l’époque en décors naturels, ou de transposer l’intrigue dans notre monde contemporain, Benoît Jacquot met en scène la pièce au théâtre, dont il investit la scène mais aussi la salle (vide) et les coulisses, étendant ainsi l’espace scénique au lieu tout entier.
Le jeu des acteurs est rythmé, vif, et la sensation d’être avec eux dans ce théâtre est renforcée par les nombreux gros plans fixes sur les visages.
Le décor, excepté le théâtre, est inexistant et le réalisateur préfère mettre en valeur le texte et les mécanismes des sentiments. Sous le langage fleuri et précieux, affleure un ton résolument moderne : les femmes ne souhaitent pas faire de mariages sans amour et la jeune fille est prête à tout pour connaître son mari, même changer (temporairement) de sexe ; les différences sociales, qui ne disparaissent jamais complètement (nous sommes sous l’Ancien Régime, ne l’oublions pas), ont néanmoins tendance à s’estomper sous l’effet des multiples métamorphoses du personnage central : chevalier, jeune fille riche, servante, selon le personnage qui lui donne la réplique.
Mais contrairement aux comédies d’amour de Marivaux, les masques qui tombent révèlent une réalité peu plaisante et glaçante, une réalité qui se reflète magnifiquement sur le visage défait de la comtesse : la farce a ses limites et l’illusion ne peut durer que le temps d’un jeu subtil mais cruel.
« Ce parti pris, grâce auquel cette mise en scène doit être considérée comme une réalisation cinématographique à part entière, utilise également l’expressive mobilité des visages pour souligner le jeu marivaudien (…) »
Catherine Axelrad, Positif
« Sous l’apparente modestie de l’entreprise, La Fausse Suivante est un grand film. (...) Le coup de génie consiste à faire jouer simultanément, en les acceptant comme tels, les artifices du théâtre et ceux du cinéma ».
Jean-Michel Frodon, Le Monde
« Cette Fausse Suivante est décidément un pur bijou. Et Benoît Jacquot, cinéaste attentif de femmes à la recherche d’elles-mêmes (...) en fait une véritable perle cinématographique ».
Annie Coppermann, Les Echos
« Sans faste ni artifices, mais avec brio, Benoît Jacquot "met en film" la plus féroce des comédies de Marivaux ».
Louis Guichard, Télérama
Soirée organisée en partenariat avec la revue Positif, et animée par N. T. Binh, critique de cinéma
En présence du réalisateur Benoît Jacquot.
Raining Stones de Ken Loach, 1993, 90’
Avec Bruce Jones, Julie Brown, Gemma Phoenix, …
La banlieue de Manchester au début des années 90. Dans une campagne brumeuse, deux copains, Bob et Tommy, essaient de voler un mouton pour se faire quelques sous. Les deux hommes, qui sont au chômage et survivent grâce à des combines plus ou moins astucieuses, ont bien du mal à vendre la viande. Pire : Bob se fait voler sa camionnette !
Bob et sa femme, Anne, ont un autre souci : leur fille Coleen, sept ans, prépare sa première communion et, pour Bob, il n’est pas question qu’elle n’ait pas une belle robe, « comme les autres ». Alors, il accepte les tâches les plus rebutantes. Mais cela lui rapporte surtout des embêtements ! Quant à Tommy, il supporte mal de devoir accepter de l’argent de sa fille, qui gagne bien sa vie, dit-elle, en vendant des cosmétiques. Bob trouve un petit boulot : videur dans une discothèque. Un soir, il y aperçoit la fille de Tommy qui se livre à un trafic louche ; il veut intervenir, mais se fait tabasser et perd sa place. Les nouvelles combines de Tommy ne donnent rien.
La petite Coleen essaie sa robe, ravie. Anne se demande d’où vient l’argent avec lequel Bob a payé la robe. Un soir, deux voyous forcent sa porte et la menacent des pires violences : Bob a emprunté de l’argent à Tansey, un usurier qui, pour se faire rembourser, exerce la terreur. Bob affronte l’usurier à la sortie d’un bar et, miracle !, celui-ci, ivre, se tue au volant de sa voiture. Bob se sent responsable de cette mort et va se confesser au Père Barry. Ce dernier le dissuade d’aller s’expliquer à la police. Coleen aura sa belle première communion.
Un cinéma pour « changer le monde » ? A cette question, Ken Loach répond :
« Je ne crois pas que l’on puisse changer le monde par un film… Ce que l’on peut faire, c’est apporter des informations, des émotions, essayer de prendre place dans le débat idéologique général. Mais évidemment, on se heurte à d’autres films, d’autres informations qui, elles, vont dans un tout autre sens »
Entretien avec Philippe Pilard, Positif, octobre 1993
« La morale, c’est bien connu, n’est qu’affaire de regard. Celui de Ken Loach est à hauteur de ses personnages. Ni au-dessus, ni au-dessous : il les accompagne, les épaule presque, ne cache rien de ce qu’ils sont, tout en respectant leur pudeur… Ken Loach respecte ses personnages - et leurs interprètes - comme il respecte les spectateurs de ses films. C’est ainsi qu’il crée, entre eux et nous, non pas une fausse connivence, mais une vraie complicité… Raining Stones est un film rare ».
Vincent Rémy, Télérama
« Parler de la réalité sociale d’aujourd’hui, sans sombrer dans le mélo ni dans le documentaire à message, il y a longtemps que Ken Loach, de Family Life à Riff Raff, nous a convaincus qu’il savait le faire. Mais il fait mieux souvent, créant à partir de personnages banals et de situations sinistrement quotidiennes des œuvres superbes, dont le souvenir reste longtemps, parce qu’elles sonnent à la fois étonnamment juste et qu’elles transcendent le documentaire pour parvenir à l’œuvre d’art. Certaines, bien sûr, sont plus grises que d’autres. Raining Stones est une sorte de petit miracle : on rit, on sourit, on est ému, surpris même. […] Avec ses interprètes inconnus, aux gueules particulièrement bien choisies, l’étonnant est que ici jamais Ken Loach ne fait du misérabilisme. Mais qu’il garde toujours, au coin de sa caméra, un petit sourire fraternel, jusque dans son portrait du prêtre catholique très intelligemment accommodant avec la morale ».
Annie Coppermann, Les Echos
En présence de Guillaume Durieux, Comédien du spectacle V. présenté le Jeudi 11 février 2010 (v. ci-dessous).
Guillaume Durieux s’est notamment inspiré pour incarner son personnage de films de Ken Loach et de This is England de Shane Meadow, dont plusieurs extraits seront projetés et commentés.
V. Si on profane les morts, les morts se vengeront,
de Tony Harrisson, Mise en scène Claude Guerre, Avec Guillaume Durieux et Jean-Philippe Dary
Ce spectacle qui s’est joué à la Maison de la Poésie du 14 octobre au 23 novembre 2009 est présenté exceptionnellement à l’Ecole alsacienne.
S’inspirant notamment des films de Ken Loach (voir ci-dessus), il nous plonge dans l’Angleterre des années 80.
« Le grand poème dramatique de Tony Harrison « V. » date de 1985. Le Royaume-Uni vit au rythme des grèves de mineurs emmenées par Arthur Scargill à qui le poème est dédié.
Dans le cimetière de Leeds, Tony Harrison vient mettre un coup de propre à la tombe de ses parents. Un jeune gars tague les pierres tombales à la bombe. Une de ces têtes brûlées sortie du stade, un crâne rasé, un hooligan.
Avec la tête fêlée s’entame un violent dialogue, une pensée à propos du monde comme il va mal, à propos des immigrés, à propos de soi, à propos de l’autre. Le poète voyageur se confronte au chômeur dans le pays des mines fermées. Le jeune gars a beau jeu de ne pas entendre la langue du poète, ou plutôt de la lui refuser. Dialogue de sourds ? Non. Dialogue d’un père et d’un fils à la charnière historique de l’écrasement de la classe ouvrière. Comme dit Shakespeare, « the world is out of joint ». Le skin brise la piété filiale pompeuse. Le poète ne défend pas son père qui le hante comme un spectre. Comme le hante ce jeune skin, lui-même peut-être avant son renoncement. Le tout dans un printemps aux fleurs d’aubépines.
Le poème écrit dans le pentamètre traditionnel anglais rimé est traduit en alexandrins français par Jacques Darras.
Poème épique.
Poème à dire à voix haute, en musique, à très haute voix ».
Claude Guerre, Metteur en scène
Traduction Jacques Darras
Assistante à la mise en scène Lise-Marie Barré
Musique Jean-Philippe Dary
Lumière Antoine Gallienne
Création vidéo Kanika Langlois et Tobias Brahmst
« À ceux qui pensent que la poésie est un art ennuyeux, Claude Guerre parfait son art de la transmission sans fausse note, lançant une ouverture vers le mot. Sa mise en scène sauvage du poème V. hisse cette pièce à la hauteur des meilleures performances rock de l’année, dans une commémoration facétieuse et outrageuse.
Guillaume Durieux scande les mots et les moleste pour en soutirer le sens. Il crie les phrases, jetant les verbes avec une violence tempêtée. Dandy de noir, il envahit l’espace, devenant chien rugissant ou puits d’interrogations, tentant de comprendre le mystère de ce V., à la fois versus et victoire. Un graffiti de rupture – désunion des nazis des terrains de foot et union des cadavres dans la tombe – rupture des filiations… Histoire d’un pays qui va mal, où les "PINEs" de galles gouvernent et où les bocks de bière remplacent les fleurs sur les tombes.
Jean-Phil Dary, deuxième personnage de cette composition scénique, musicien aux notes métissées, crisse sur le flow de Guillaume « Harrison » en un crescendo rock extatique… Une complémentarité qui fait vibrer les mots d’un Guillaume déplaçant les murs de sons, se métamorphosant avant de disparaître, laissant planer l’empreinte du souvenir des mo(r)ts ».
V. est paru aux éditions Le Cri en 2008
En présence du metteur en scène, Claude Guerre
Soirée de clôture
La projection sera suivie d’un buffet.
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