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But et tendances

Les fondateurs de l’Ecole Alsacienne ont pensé...

Article du 4 mars 2011, publié par PO (modifié le 22 juin 2011 et consulté 332 fois).

Théodore Beck : Mes souvenirs, 1890 - 1922

BUT ET TENDANCES

Les fondateurs de l’Ecole Alsacienne ont pensé, sans doute, qu’elle servirait. de refuge aux jeunes Alsaciens et Lorrains, qui, victimes de la brutale annexion, avaient dû quitter leur terre natale, soit que leurs familles eussent transplanté leur foyer, soit qu’elles eussent été forcées par les circonstances de se séparer de leurs enfants.

Nombreuse était la jeunesse qui, fuyant la tempête, dut abandonner le rameau brisé où jadis elle chantait gaiement.

Mais les initiateurs de l’oeuvre nouvelle avaient des visées plus étendues. Ils voulaient contribuer de leur mieux à guérir les blessures dont souffrait la France si cruellement éprouvée. Ils avaient surtout à coeur de réaliser, de hâter les réformes scolaires instamment réclamées par l’opinion publique. Ils pensaient surtout qu’il ne devait pas suffire de donner à la jeunesse une solide instruction, mais qu’il y avait lieu aussi de s’inquiéter de son éducation. Il s’agissait, dans leur esprit, de cette éducation qui n’a pas seulement en vue la formation de l’esprit, le développement de l’intelligence, mais de celle qui agit sur le coeur, la conscience, la volonté, de cette éducation, essentiellement morale, sans laquelle l’homme est un être inutile et parfois même dangereux.

L’Ecole Alsacienne a donc été fondée sur le roc du plus pur patriotisme, sous l’inspiration des vertus et des méthodes d’Alsace et de Lorraine. C’est bien ce qui, en grande partie, a assuré sa vie et sa prospérité et ce qui lui a ouvert les horizons d’un avenir rassurant. Aussi le grand savant Paul BERT a-t-il pu dire lors de l’inauguration de la nouvelle Ecole (1881) : « Votre maison a peut-être dépassé vos prévisions, sinon vos désirs, tant il est vrai qu’à ceux qui aiment profondément la patrie, tout le reste est donné par surcroît. »

L’Ecole Alsacienne, en introduisant des méthodes nouvelles plus simples, plus vivantes, a voulu préparer ses élèves à une vie utile et féconde. Visant à former des caractères, des consciences, des personnalités, elle a voulu devenir, en toute modestie, une école modèle, cherchant sans cesse le bien et le mieux.

Tels sont encore le but et les ambitions de ceux qui ont édifié cette maison et de ceux qui l’ont maintenue forte et prospère, sans porter le moindre préjudice aux excellents établissements scolaires de l’Etat ou à d’autres institutions. Etant donné les indéfectibles souvenirs et les relations qui existent entre nous et les provinces aujourd’hui recouvrées, il était tout naturel qu’on nous donnât le nom que nous sommes fiers de porter et qui nous a valu de vives sympathies. Forte de son but et de ses tendances, l’Ecole Alsacienne s’est toujours efforcée de suivre la voie du progrès, du perfectionnement, qu’il s’agît des méthodes éducatives ou d’enseignement, de l’organisation matérielle ou de la direction morale. Pour rester à la hauteur de sa mission, qui implique une lourde responsabilité, l’Ecole n’a jamais, aux heures sombres, parfois angoissantes, manqué de foi, c’est-à-dire de courage, de ténacité, de confiance. Pas de défaillance, a-t-elle dit, quand il s’agit d’une oeuvre d’assainissement et de salut, où la famille, la société et la patrie sont en jeu. Notre Ecole n’oublie pas que l’instruction et l’éducation se confondent, se complètent, pour ne faire qu’une seule et même force. Elle pense que l’esprit doit être cultivé, mais que l’essentiel est d’inculquer à l’enfant la notion du bien et du mal, de rendre le coeur sensible aux saines émotions, de lui apprendre ce que vouloir et aimer veulent dire. Il n’y a pas de but plus élevé, plus conforme aux nécessités d’une vie privée et publique, digne de l’humanité.

Les tendances de notre Ecole, telles qu’elles ont été nettement marquées dès l’origine, sont de nature à lui donner une incontestable autorité. Il importe avant tout d’affirmer que notre maison est fermée à toute préoccupation confessionnelle, à toute étroitesse en matière religieuse, qu’elle a le plus grand respect pour les croyances et ceux qui les professent, pourvu que cette foi jaillisse des profondeurs du coeur et qu’elle s’affirme dans la vie.

L’Ecole Alsacienne est, de plus, réaliste : elle oppose aux simples intentions, aux hésitations, des réalisations fermes et résolues, quelles qu’en soient les difficultés. Après avoir discuté les idées, les systèmes, les méthodes, elle s’efforce de les mettre en pratique ; elle ne se perd pas dans un idéalisme vague et nuageux ; elle tient compte des besoins du temps où nous vivons, des mesures
que réclame la situation présente au point de vue intellectuel, social et moral, mais elle n’oublie pas les anciennes humanités. Respectueuse du passé et soucieuse de l’avenir, elle cherche à résoudre les problèmes pour le bien de tous et de chacun.

Un autre caractère original de l’Ecole Alsacienne, c’est d’être un foyer où l’on aime, où l’on est aimé, où les relations entre maîtres et élèves sont amicales, familiales ; c’est ce qui lui a donné, en partie, son prestige. Un lien d’affection réciproque unit le directeur, le personnel et les élèves. Nous sommes, comme a dit Michelet, « un atelier national où se forge la fraternité ». Chez nous, la conquérante Bonté, ennemie de ce qui humilie, blesse ou décourage, s’allie à la fermeté, à la rigueur, qu’il s’agisse du travail ou de la conduite.

Le but et les tendances de notre maison exigent qu’on s’occupe de chaque élève individuellement, qu’on étudie les qualités ou les défauts, les forces ou les faiblesses d’un chacun, qu’on n’applique pas à tous le même régime, mais qu’on traite chacun suivant sa nature, ses capacités, sa manière d’être et de faire. Cela augmente l’autorité des maîtres et la confiance des disciples, tout cela favorise l’union des âmes.

Faut-il redire que ce qui distingue notre oeuvre, c’est d’une part, le souci des études et d’une forte culture générale, et d’autre part, les soins que nous donnons à l’éducation morale dont l’urgence est plus évidente que jamais. Nous voulons armer solidement la jeunesse qui nous est confiée, contre les ennemis du dehors et du dedans, la soustraire à l’influence des sceptiques, des indifférents, des natures légères, combattre les pernicieuses camaraderies, les mauvais exemples.

L’Ecole Alsacienne a conscience de sa responsabilité ; elle est soucieuse de la personne et de l’avenir de ses élèves, qui disposeront demain des destinées de la Patrie ; elle veut créer des personnalités qui aient horreur du mensonge et de la dissimulation, de la sournoiserie, de l’hypocrisie. Elle nourrit dans les âmes une sorte de sentiment religieux, qui s’affirme dans la vie quotidienne.

Tels sont le but et les tendances de notre maison ; elle est heureuse à l’idée d’avoir été et d’être encore pour l’Université, à laquelle elle est entièrement dévouée et dont elles reconnaît les belles ambitions, une collaboratrice éclairée, active et toujours utile. C’est bien l’avis de notre directeur actuel ; de là l’efficacité de son oeuvre si importante et si nécessaire.

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École alsacienne - établissement privé laïc sous contrat d'association avec l'État

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