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Éducation physique

Il n’y a pas bien longtemps que les exercices corporels sont officiellement introduits...

Article du 13 mai 2011, publié par PO (modifié le 22 juin 2011 et consulté 1238 fois).

Théodore Beck : Mes souvenirs, 1890 - 1922

ÉDUCATION PHYSIQUE

Il n’y a pas bien longtemps que les exercices corporels sont officiellement introduits dans la plupart des Lycées et Collèges, et cela surtout parce qu’on n’estimait pas autrefois que la gymnastique et les sports fissent partie de l’éducation. L’Ecole Monge et surtout l’Ecole Alsacienne ont reconnu cette grave erreur, cette faute pédagogique ; ayant à sa base une forte et saine éducation, cette dernière n’a pas hésité à donner aux exercices physiques la place qui leur revient de droit. Les fondateurs, dès l’origine, ont pensé qu’une âme vaillante exigeait un corps robuste, selon la devise bien connue : « Mens sana in corpore Sano (un esprit sain dans un corps sain) ». La gymnastique, avec tout ce qui contribue à développer l’organisme, a donc été en honneur à l’Ecole Alsacienne dès 1874, et l’est encore aujourd’hui.

Tant que la construction des nouveaux bâtiments n’était pas achevée, les élèves, grands et petits, ont été conduits par leur professeur au Gymnase Pascaud, rue de Vaugirard. C’était une vaste salle garnie d’un matériel complet. Mais dès l’année 1884, les leçons de gymnastique purent être données à l’Ecole Alsacienne, dans une belle salle, munie de tous les engins désirables. Le premier maître, professeur très distingué, fut M. DELSAHUT qui savait inspirer à ses élèves, spécialement aux grands, le courage, la discipline éducative faite de douceur et de sévérité. Ses successeurs suivirent la même voie avec le même succès. Je ne citerai que MM. DECHAMBOURG (1902-1912), BOUDINOT (1912-1921). Depuis 1924, c’est M. MÉNARD qui remplit les fonctions de professeur de gymnastique ; c’ était et c’est encore le modèle du bon Maître, de l’excellent éducateur. On lui fait un accueil enthousiaste tous les ans, au cours de la fête de fin d’année.

Le Conseil d’Administration qui suivait de près et avec un vif intérêt les exercices de gymnastique, pensait à ce moment que les anciennes méthodes avaient fait leur temps et qu’elles devaient être, elles aussi, soumises à la loi du progrès. Après un minutieux examen de la question, le Conseil adopta les méthodes dites « suédoises », tout en conservant en partie l’ancien régime ; les engins d’autrefois (cheval, barre fixe, corde, etc...). Des maîtres, venus de l’Ecole d’Application de Joinville, introduisirent de nouvelles méthodes et de nouveaux appareils plus directement profitables à la santé générale et au développement de l’organisme tout entier.

Pour se rendre compte du résultat obtenu et pour nous rassurer, plusieurs médecins, dont quelques spécialistes, sont venus constater les effets du nouveau traitement (force musculaire, élargissement de la poitrine, état du coeur et des poumons, de l’organe visuel, etc...) Ces médecins étaient MM. ZUBER, VEUILLOT, CHAILLEY-BERT, BOUSSI. Toute notre gratitude à ces aides généreux ! Des fiches étaient envoyées régulièrement aux familles, pour les mettre au courant de tout ce qui concerne le bien-être de leurs enfants, au point de vue de l’hygiène, et les précautions à prendre. Ces précautions ont été très remarquées et fort appréciées.

La gymnastique proprement dite, si nécessaire pour la formation de l’homme et que bien des élèves des classes supérieures ont le grand tort de négliger, était complétée par un groupement appelé : « l’Union des Marcheurs. » Des équipes composées d’une vingtaine d’élèves, sous la conduite de l’infatigable entraîneur M. DE JARNAC, remplacé quelquefois par M. GRISIER, M. LEHMANN, M. P AUVERT et d’autres hommes de bonne volonté, faisaient des courses plus ou moins longues.

Les excursionnistes partaient gaiement et avec une certaine impatience. Il était intéressant de les voir partir le jeudi et le dimanche, le sac au dos, une solide canne à la main. Franchissant les distances jusqu’à un bois, ils y établissaient leur camp, préparaient leur popote, et couchaient sous la tente. Tout se passait dans un ordre parfait, avec un bel esprit de discipline. Ils campèrent ainsi dans les bois de Meudon, de Chaville, de Ville-d’Avray. En 1883 on alla jusqu’en Normandie, puis dans les Vosges et ailleurs.

Cette brave jeunesse revenait ravie de ce qu’elle avait vu, enchantée aussi du bon esprit qui l’animait, donnant ainsi un magnifique exemple de fraternité.

Ces excursions ont été reprises il ya quelques années. Elles se font sous la direction de quelques messieurs et demoiselles qui, parfois, ont quelque peine à mener les plus petits, mais qui s’acquittent de leurs fonctions avec bonté et dévouement. Ils sont bien connus, les « Eclaireurs », les futurs soldats de France.

Sports – Jeux en plein air

A l’Ecole Alsacienne, les sports sont une des formes de l’Education. Une première Association sportive fut fondée en 1882 par M. Jean CHARCOT, alors notre élève, aujourd’hui célèbre explorateur. Il avait sous sa direction quelques camarades, entre autre MM. CHEVRILLON, VIGUES, PARROT.

Grâce au Directeur, M. RlEDER, l’équipe obtint de la questure du Sénat, un terrain en plein jardin du Luxembourg. Cette Association appelée le « foot-ball », était absolument libre de ses mouvements, de son organisation, de son administration. Elle se dirigeait elle-même avec une méthode et une discipline parfaites, et sans préjudice pour les études. Ces jeux tout nouveaux obtinrent un prestige dont l’Ecole ne pouvait que bénéficier.

Le « foot-ball » fut remplacé par le hockey, organisé par M. Jacques LIOUVILLE, excellent et plaisant camarade, qui est resté attaché à la maison où il avait fait toutes ses études avec une naturelle facilité.

J’ai grand plaisir à rappeler que notre équipe A. A. A. (Association Athlétique Alsacienne) a été, en 1889, victorieuse au premier championnat interscolaire qui s’est disputé à Paris. Ce triomphe a eu un puissant écho. Il serait trop long d’énumérer les succès, parfois éclatants, qui ont fait, en partie, la réputation de l’Ecole Alsacienne et les noms des vaillants capitaines dont l’autorité a été parfaite.

On pourrait croire que ces distractions ont pu faire du tort aux devoirs scolaires et que la discipline s’en est ressentie. Il n’en est rien quant aux élèves sérieux qui, sur le terrain, obéissent au moindre coup de sifflet de leur chef. Les plus indisciplinés ne sont pas ceux qui font partie d’une équipe.

L’esprit qui domine ces manifestations sportives est dû en grande partie à un homme qui a rendu d’incomparables services à la Patrie, à M. le Baron Pierre DE COUBERTIN, qui a fondé l’ Union des Sports, en France. Il a été, pour les sports en général, un véritable apôtre auquel on ne saurait être assez reconnaissant. Il s’est beaucoup occupé des équipes de l’Ecole Alsacienne, sachant que nous attachions nous-mêmes un grand prix aux exercices de plein air.

Peu d’années après la guerre, les sports de plein air furent reconstitués sur l’initiative de quelques amis dévoués, tels que Jean DUVIGNAU, fidèle partisan du hockey, Paul SYLVA CORONEL, Emile NICOLE et quelques autres, bien décidés à faire revivre le passé et à rendre hommage à la mémoire de leurs aînés, dont trop, hélas ! sont morts pour la Patrie, couverts il est vrai, du drapeau de l’honneur et de la gloire.

Le jeu de hockey était donc devenu une tradition patronnée par le Conseil d’Administration et la Direction. Nous sommes convaincus que cette tradition durera et que sera confirmée une fois de plus la belle réputation acquise par les succès de nos intrépides équipes et de leurs braves capitaines.

Escrime. – Sans être un sport de plein air, l’escrime a toujours été en honneur à l’Ecole Alsacienne. Elle a une vertu essentiellement éducative, au moral aussi bien qu’au physique.

Dès l’ouverture des nouveaux bâtiments, en 1882, la première leçon d’escrime fut donnée par M. LEJEARD, escrimeur de marque. Après lui, la direction fut confiée à M. COUDURIER, qui est encore notre professeur, après 38 ans de services. Ses hautes qualités de maître d’armes, son excellente méthode, son influence morale sur ses élèves toujours plus nombreux, furent immédiatement remarquées. Il est respecté et aîmé de tous ses élèves dont quelques-uns lui ont fait grandement honneur. Je ne citerai que : M. Jean DOLLFUS qui, tous les ans, pour la séance de fin d’année, envoie généreusement des médailles pour les escrimeurs les plus méritants ; René LANTZ qui parfois secondait son maître, Oscar HORNING, André GRISIER, Jules DOLLFUS, Marcel BONHOMME, Roger ASSELIN, Jean PAYEN. Comment ne pas rappeler que M. Maurice COUDURIER a été le meilleur élève de son père, dont il suit la carrière avec autant de distinction que de succès ? C’est lui qui a gagné le 1er prix au concours académique à l’épée, après avoir reçu le certificat d’aptitude militaire. Il est impossible de dire tous les heureux résultats obtenus par le père et le fils, grâce à leurs efforts combinés.

A un moment donné, le Conseil a prié le Directeur d’introduire à l’Ecole la préparation militaire, qui est pratiquée dans la plupart des Lycées et Collèges, et de former une Société de tir. Cela fut fait.

On se procura des fusils, des sabres, des ceinturons et l’on forma une Compagnie qui, trois fois par semaine, se réunit dans la grande cour. Les apprentis, futurs soldats, étaient instruits et commandés par un sous-officier de la Garde Républicaine qui enseignait l’usage et le maniement des armes ainsi que les divers mouvements du soldat. Dans ce bataillon se trouvait Jean FRIEDEL (le fils du fondateur de l’Ecole) qui nous resta fidèle jusqu’au moment où ces exercices durent être supprimés par décision ministérielle. Nous prîmes alors d’autres mesures en vue de la préparation militaire, qui, à ce moment, était à l’ordre du jour.

On ne dira jamais assez l’influence salutaire qu’exercent la gymnastique et les sports sur la vie intellectuelle, sociale et morale.

Je regrette très vivement que trop de parents dispensent leurs enfants des exercices physiques. Nous leur rappelons les paroles du Père DIDON, un ami de notre maison : « Pour gagner la victoire dans la vie, il faut des forces résistantes, des énergies, des hommes d’action qui jamais ne reculent, toujours prêts à l’offensive ou à la défensive, qui ont foi dans la victoire. »

Voilà les fleurs et les fruits d’une bonne éducation physique qui est, en somme, une question vitale.

Lire la suite : Discipline. Punitions et récompenses

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