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Anaïs Maro : Prison

Année 1996/97 – Lycée

Article du 25 juin 2010, publié par PO (modifié le 25 juin 2010 et consulté 472 fois).

Il pleuvait encore ce jour là et il se posait encore la même question. Comme une musique entêtante et grinçante, elle hantait sa vie. Il se demandait pourquoi. Oui, pourquoi était-il si triste, pourquoi avait-il toujours souffert et pourquoi avait-il si peur de vivre.

C’était bien là sa souffrance, pourquoi avait-il si peur de vivre. Cette peur qui l’obsédait depuis son enfance, il ne la comprenait pas, il n’en voulait pas, malgré tout elle était là, troublante, pesante, elle était bien plus forte que son désir d’être heureux. II avait tant rêvé d’une vie sereine et douce, débordante de bonheur, qu’il ne voulait pas essayer de la vivre de peur de la rater. Il se disait qu’il n’y a rien de pire que la mort et qu’en ne vivant pas vraiment on ne mourait pas vraiment.

Pourtant il aurait tant aimé rire aux éclats comme le faisait sa mère quand il était enfant, c’était un rire large et sonore, un rire épanoui, un rire radieux. Il aurait tant aimé rire comme elle ; mais il ne pouvait pas, cela lui était impossible. Sa mère, il y pensait souvent ; il la revoyait avec ses grosses boucles blondes, ses grands yeux clairs et ses lèvres fines. Il se souvenait de cette petite femme fluette, si douce, si pure, on aurait cru un ange. Elle avait une force intérieure, une magnifique volonté de vivre, une gigantesque aptitude au bonheur. Il n’avait jamais pu trouver cette capacité chez lui.

Il ne savait pas être heureux. il n’avait d’ailleurs jamais aimé. Il ne savait pas comment faire, comment s’y prendre. Pourtant il attendait quelqu’un, une personne capable de le faire sortir de sa prison intérieure. L’amour aurait put être la solution, il lui aurai permis de vivre enfin, d’être heureux... ou peut-être seulement d’échapper à lui même. Peu importe, il se savait incapable de rencontrer quelqu’un qui l’aimerait. Il croyait que l’amour viendrait de quelqu’un d’autre. Il se sentait tellement vide d’émotion qu’il n’avait même pas pensé qu’un souffle de vie puisse exister en lui, que peut-être l’amour et la joie existait en chaque être. Il constatait toute la journée son malheur, sans penser a en chercher les causes ni les solutions. Alors il attendait que ça passe, que sa vie passe.

Il ne sortait jamais de chez lui et ne parlait qu’à sa cousine qui lui faisait les courses, il avait pourtant envie de sortir, mais quelque chose l’en empêchait. Ce jour là par exemple, il aurait aimer vaincre son angoisse et sortir, mais il pleuvait encore ; il pleuvait toujours lui semblait-il. Il se disait que lorsqu’il cesserait de pleuvoir, il sortirait et vivrait enfin. En attendant, il restait là, immobile, assis devant un vieux pupitre d’écolier, face à la fenêtre et regardait, il regardait son reflet dans la vitre. II voyait son teint pâle, il voyait que ses yeux reflétaient le ciel bleu gris, il voyait que les gouttes de pluie ruisselaient sur son visage et il se disait qu’il ne sortirait pas aujourd’hui car il pleuvait encore. Il détestait la pluie, ça le rendait si triste ; il était si désespéré par la couleur du temps qu’il ne pouvait songer qu’à sa vie qui se passait sans être vécue. Il savait que cela durerait tant qu’ il pleuvrait.

Et jour et nuit, été comme hiver. il se regardait dans la vitre et croyait que la couleur de ses yeux était dû au mauvais temps et que ces gouttes sur ses joues était de la pluie. Et même si le soleil brillerai, il ne pourrait le voir tant qu’il ne regarderait que son triste reflet. II pleurait encore ce jour là.

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