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Hallucination ou vérité ?, par Esther Samama

Article du 4 juin 2012, publié par PO (modifié le 5 juin 2012 et consulté 219 fois).

La Nouvelle vague fantastique : Table des matières


Hallucination ou vérité ?

Esther Samama

Il faisait nuit. J’arrivais dans ma villa et j’étais rentré d’une soirée organisée par un de mes amis. J’habitais seul chez moi, ma femme étant décédée depuis deux ans, me laissant pour seul souvenir un portrait d’elle accroché dans ma chambre. Après avoir pris un léger repas, je me couchai rapidement, fatigué.

Cette nuit, je fis un rêve ou plutôt un cauchemar atroce : ma fille, Milla, sortait de son tableau sous la forme d’un spectre et son souffle glacial, celui d’une morte, me figeait le sang ! J’avais sans doute trop bu la veille, et je n’accordais pas plus d’importance à ce cauchemar. La journée se passa agréablement mais la nuit je fis de nouveau ce rêve atroce.

La nuit suivante, Milla m’apparut encore sous cette forme blanche, transparente et glaciale et cette fois je fus persuadé de la sentir près de moi ; et cela m’horrifia. Mais en me réveillant, je vis que la fenêtre était restée ouverte, ce qui pouvait expliquer cette présence que j’avais sentie.

Deux jours plus tard, j’avais invité des amis, je passais donc une agréable après-midi. Mais le soir j’entendis soudain une voix étouffée qui m’appelait. Ce n’était pas possible, je vivais seul ! Je me crispais. J’étais horrifié, mon cœur battait à tout rompre ! Je vivais dans mon rêve atroce ! Oui ! C’est cela ! Oui ! Je rêvais !

Affolé, je courus dans ma chambre, suant et respirant péniblement. J’avais fermé la porte à double tour, et je me retournai, soulagé. Mais alors que je scrutais ma chambre d’un air suspicieux et effrayé, mon regard rencontra celui du portrait de Milla, et je crus que mon cœur s’arrêtait : au lieu de me regarder avec son doux sourire habituel, elle avait un rictus atroce.

Ce n’était pas possible ! Je devenais fou ! J’étais sans doute ivre pour avoir de telles hallucinations ! Et progressivement ma vue se brouilla, je me sentis défaillir, je tremblai puis je m’évanouis.

Je me réveillai allongé sur le sol, il faisait jour. Mon dos me faisait atrocement mal, je m’assis donc sur mon lit. Reprenant peu à peu mes esprits, je regardai autour de moi, tout paraissait normal, et le portrait de Milla me souriait, l’air innocent. J’avais donc rêvé ! J’étais soulagé et anxieux à la fois. Ce rêve m’avait semblé si réel !

J’étais donc fou ? Non, pas moi ; mais alors, aurais-je rêvé ? La sonnerie de ma porte d’entrée me tira de mes réflexions, et, après avoir défroissé mon veston, j’allai ouvrir. C’était Jena Dufon, mon collègue, qui venait prendre de mes nouvelles, sachant que j’avais raté au moins trois jours de travail à la librairie. Je balbutiai des excuses et dis que ma grand-tante était décédée, que j’étais allé à son enterrement et que je lui préparais des noces funèbres. Je mentais, évidemment, mais Jean y crut, et s’en alla après m’avoir serré la main et présenté ses sincères condoléances. Je n’étais pas très fier de moi mais je n’aurais pas pu dire la vérité, j’aurais été envoyé à l’asile directement. J’étais seul avec moi-même, ne pouvant en parler à personne.

Je montai dans ma chambre après avoir déjeuné car je voulais prendre un livre et profiter de mon après-midi. J’ouvris la porte, ne me doutant de rien ; au moment où je me dirigeai vers la bibliothèque, je ressentis comme une voix dans ma tête ; ça y est, j’étais donc bel et bien fou ! La voix se faisait de plus en plus sonore, elle me disait…d’approcher, oui, c’est cela, je devais approcher. Ce n’était pas possible ! Si ? Non ! Mais alors quelle était l’explication ? Je me levai, crispé, suant, tremblant, et à ce moment-là, j’eus une vision d’horreur.

Le portrait de Milla avait un rictus sauvage, comme dans mon rêve ! Je n’avais donc pas rêvé. Mais alors j’étais fou ! Oui.

La vue de ce portrait me terrorisait, il me suivait partout, même dans mes rêves ! Alors je pris une allumette dans le tiroir, et j’enflammai le tableau : le feu envahit ma chambre. Je courus me réfugier sur mon balcon en regardant le désastre. Qu’avais-je fait ? Puis, la voix que j’avais entendue peu avant revenait, elle me hantait, me disait d’approcher encore et toujours. Alors, dépassé par toutes ces horreurs, j’enjambai la rambarde de mon balcon et je sautai.

Monsieur Jechon, commissaire, arriva une demi-heure plus tard, suite à un appel de promeneurs qui passaient par-là et qui avaient vu le corps inanimé devant la maison en flammes. Les pompiers arrivèrent peu après, et l’incendie fût maîtrisé, malgré les dégâts.

Les collègues de Monsieur Jechon avaient remarqué le corps qui semblait mort, et lui, commença son enquête dans la maison. Il ne vit pas grand-chose : tout avait été emporté par les flammes, il ne trouva qu’une chose intacte : un tableau, plus précisément un portrait.

Celui d’une femme qui le regardait avec un beau sourire, l’air innocent.

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