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Le portrait du malheur, par Jéhanne Assault

Article du 4 juin 2012, publié par PO (modifié le 5 juin 2012 et consulté 155 fois).

La Nouvelle vague fantastique : Table des matières


LE PORTRAIT DU MALHEUR

Jéhanne Assault

Cette histoire s’est passée il y a deux ans, pendant les vacances d’été que je passais avec Louis et Oscar. Nous avions loué un petit chalet en Sologne pour nous reposer nous s’amuser entre amis après cette longue et difficile année de médecine que nous avions affrontée tous les trois avec courage. Je rêvais de faire une promenade dans une de ces forêts qui sentent bon le parfum de la nature. Pour me faire plaisir, Oscar et Louis organisèrent une sortie, pendant toute une journée, dans la forêt de Lousson. Une grande et belle forêt florissante dont chaque fleur avait une couleur vive et dégageait un parfum envoûtant. C’était une journée magnifique et ensoleillée. Après nous être promenés pendant de longues heures, nous commencions à avoir faim. Nous nous mîmes à chercher un endroit propice pour manger. Soudain un long chemin bordé de deux haies d’arbres parfaitement alignées apparut devant moi comme par magie. Il me parut tellement étrange que je voulus à tout prix voir où il menait. Nous nous engageâmes dans cette allée, mais après avoir longuement marché, nous n’en voyions toujours pas le bout. Alors nous nous assîmes contre un arbre, je sortis de mon sac trois sandwichs et une gourde d’eau fraîche. Nous mangions avec appétit puis vint la fatigue. Donc nous nous reposâmes. Mais pendant mon sommeil, je ressentis des frissons dans le dos. Puis j’eus l’impression qu’une main me touchait l’épaule. C’est alors que je me réveillai en sursaut. La nuit était tombée si vite qu’on ne voyait presque plus le chemin. Nous étions perdus dans cette grande et sombre forêt, l’obscurité la rendait de plus en plus terrifiante. Je réveillai Louis et Oscar. Nous marchions en espérant retrouver notre chemin, mais à chaque pas nous nous enfoncions encore plus dans la pénombre. Enfin nous arrivâmes dans une clairière. Au loin nous vîmes des lumières. En nous rapprochant, nous aperçûmes un petit chalet dont la porte était restée entrouverte. Nous trouvions cela étrange mais rentrâmes tout de même et ne distinguâmes personne. L’entrée donnait sur une grande salle où une table était dressée, l’heure du dîner approchait mais personne ne venait s’y installer, je trouvais cet endroit bizarre et très soupçonneux. Alors nous nous y assîmes. Soudain un plateau de charcuterie apparut sur la table comme par enchantement. Déjà que je n’étais pas très rassurée, cela m’angoissa ! « Avais-je rêvé ou ce plat avait-il vraiment apparu comme par magie sur cette table ? ». Mais un plat de viande rouge bien saignante suivit, et enfin une île flottante en dessert. Mes amis virent la même chose et étaient aussi étonnés et terrifiés que moi. Après le dîner, nous montâmes les escaliers qui nous firent accéder à trois chambres luxueuses, équipée chacune d’une salle de bain, ainsi que d’un balcon donnant sur cette sombre forêt. Le plus étrange était le tableau qui décorait chacune d’elles. Dans la première chambre le tableau représentait un loup-garou, dans la seconde un vampire et dans la troisième un fantôme. Louis s’installa dans la première, Oscar dans la seconde et moi dans la troisième. Le tableau du fantôme au-dessus de mon lit m’inquiétait. Celui-ci était peint de telle manière qu’il donnait l’impression d’être réel. Pour me changer les idées je pris une douche rafraîchissante. En sortant de la salle de bain j’eus le réflexe de regarder le tableau mais le fantôme avait disparu. Soudain un énorme doute m’assaillit « Avais-je rêvé du fantôme ou s’était-il volatilisé ? » J’étais angoissée à l’idée qu’il se trouve dans la pièce et qu’il m’observe. Mais un coup dans le dos m’assomma. Ce n’est que quelques heures plus tard que je me réveillai avec une sensation étrange de légèreté. Je m’aperçus avec effroi que mes jambes ainsi que le reste de mon corps avaient disparu, j’étais devenue un fantôme. Je me précipitai dans la chambre d’Oscar mais il n’y était plus, puis dans la chambre de Louis mais lui aussi avait disparu. C’est alors que j’entendis des cris provenant du rez-de-chaussée. Je descendis et me retrouvai face à un vampire et à un loup-garou qui s’affrontaient violemment. Je devinai qu’il s’agissait de Louis et d’Oscar. Je voulus interrompre leur combat avant qu’ils ne se blessent gravement. Mais ils n’avaient pas l’air de faire attention à moi peut-être à cause de mon invisibilité. Je ne pouvais donc rien faire. J’étais désespérée et me demandais comment ce cauchemar allait se terminer. D’un coup, Louis, le loup-garou, projeta Oscar, le vampire, à terre, puis sans hésiter se jeta sur lui et le tua à coup de dents. Je criai d’horreur voyant Oscar plein de sang étendu sur le sol. Je m’écroulai dans un coin et ne cessai de pleurer, j’avais perdu mon meilleur ami. Il était à peu près quatre heures du matin, l’aube approchait quand j’entendis un hurlement de loup. Louis était étendu sur le sol, il avait retrouvé sa forme humaine. En voyant le corps de son ami redevenu humain lui aussi, il comprit qu’il l’avait tué. Je repris moi aussi mon aspect normal, puis nous priâmes sur le corps de notre ami. Après l’avoir enterré et prié une dernière fois, nous repartîmes tous deux sans dire mot. Nous étions encore trop émus pour retrouver la parole. Aujourd’hui Louis et moi avons oublié le passé ou du moins ne voulons plus en parler, mais cette histoire n’est pas un hasard et est loin d’être finie car je sais qu’un jour je retomberai sur ce portrait de malheur et qui sait ce qui se passera à ce moment-là…

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