Sommaire

Sommaire

Recherche

Nous suivre

newsletter facebook twitter

Connexion

Vous n'êtes pas connecté.

Les Examens à l’EA et en dehors de l’EA

Une innovation très originale fut, dès le début, introduite...

Article du 23 juin 2011, publié par PO (modifié le 23 juin 2011 et consulté 379 fois).

Théodore Beck : Mes souvenirs, 1890 - 1922

LES EXAMENS À L’ÉCOLE ET EN DEHORS DE L’ÉCOLE

Une innovation très originale fut, dès le début, introduite dans le programme de la nouvelle institution ; ce sont les examens qui lui ont donné, dès 1874, un caractère spécial. A ces examens périodiques furent invités les parents des élèves et leurs amis ; ils étaient donc publics.

Des hommes politiques et des pédagogues estimés, Jules FERRY, WALDECK-ROUSSEAU, Léon BOURGEOIS, BRÉAL, Gabriel MONOD, Jules SIEGFRIED, etc. sont venus assister aux petites classes dirigées par M. BREUNIG, et en sont revenus surpris et très satisfaits de ce qu’ils avaient vu et entendu.

Les examens, consistant dans la révision de ce qu’on avait enseigné aux enfants, eurent lieu le samedi.

Ce régime (appliqué aux petits seulement et qui avait été approuvé par le 1er Conseil d’Administration), après avoir duré une huitaine d’années, subit en 1883 de profondes modifications. Le Conseil décida que dorénavant cette récapitulation n’aurait plus lieu le samedi, mais serait répartie sur tous les jours de la semaine (sauf le jeudi) et s’étendrait à toutes les classes : c’était indiquer par là qu’après l’inauguration des nouveaux bâtiments, l’Ecole serait en état de recevoir les élèves de toutes les classes, depuis la dixième jusqu’en philosophie et mathématiques élémentaires inclusivement. Les interrogations se firent trois fois dans le courant de l’année, vers la fin de chaque trimestre et portèrent sur toutes les matières enseignées précédemment. Les jours et les heures où avaient lieu ces épreuves étaient fixés par la direction, inscrits sur une feuille à part, affichés en classe et aussi dans les carnets quotidiens, pour que les parents et amis fussent dûment avertis.

A part quelques modifications, cette modalité est encore appliquée aujourd’hui, excepté dans les classes supérieures (première, philosophie, mathématiques élémentaires), où la révision fut reportée à la fin de chaque semestre. Les notes données par le professeur spécialisé comptent pour le classement général, à la fin de l’année scolaire, aussi bien que celles obtenues pour les compositions, le travail, les progrès et la conduite.

Ces examens périodiques, inconnus dans les autres établissements universitaires de France, offrent de sérieux avantages dont profitent la direction, les professeurs, les élèves et les parents.

En effet, la direction et les sous-directeurs, qui assistent à ces révisions aussi régulièrement que possible, en emportent des impressions plus nettes et plus justes sur l’ensemble de la classe, sur la valeur réelle du professeur interrogateur et des disciples interrogés. Ces examens sont utiles aussi aux maîtres et maîtresses qui, si expérimentés qu’ils soient, apprennent à rendre leur enseignement plus intéressant, plus vivant, à mieux poser les questions en s’imposant une consciencieuse préparation, à mieux connaître leurs élèves, à ménager les sujets moins bien doués ou plus timides, à distinguer ce qui est essentiel de ce qui est secondaire et à donner leurs notes avec une parfaite impartialité. Ces exercices trimestriels sont tout particulièrement utiles aux élèves : ils les obligent à récapituler les matières enseignées précédemment et leur apprennent à mettre de l’ordre dans leur savoir, à s’exprimer clairement, sans abus de la mémoire, enfin à vaincre leur timidité et leur émotion, grâce à une préparation sérieuse qui les rend sûrs d’eux-mêmes.

Les parents, d’autre part, ont intérêt à connaître le milieu où leurs enfants passent une grande partie de la journée, à se rendre compte de la force de la classe, à apprécier le mérite des maîtres et des maîtresses, leur attitude, leur méthode, leur autorité, leur manière d’être, de voir et de dire.

Ils sont à la fois juges et partie, parce qu’ils peuvent constater les progrès marqués de leurs enfants, et ils emportent de cette révision des impressions favorables ou défavorables qu’ils peuvent communiquer à la direction ou aux professeurs. Par leur présence, ils maintiennent aussi un contact étroit entre l’Ecole et la famille, contact qui ne peut avoir que des avantages.

Les examens, avons-nous dit, sont publics ; cela prouve que, chez nous, tout se passe au grand jour et non à. huis clos ; nos portes sont largement ouvertes pour recevoir non seulement les familles de nos écoliers, mais toux ceux qui s’intéressent aux questions pédagogiques et au problème si délicat de l’éducation.

LES BACCALAURÉATS

Il serait trop long et trop compliqué de raconter l’histoire de ce fameux « baccalauréat » qui, depuis la grande Révolution et l’Empire, a subi de si profondes modifications. Nous devons pourtant faire ressortir quelques faits d’une importance capitale, soit en mal, soit en bien. En 1811, on a fait de cet examen un grade conféré par les Facultés. C’était une faute. Ce grade devint une sorte d’institution sociale, puisque les familles étaient amenées à rechercher pour leurs enfants beaucoup moins l’avantage de bonnes études et d’une culture intellectuelle suffisante, que celui de la possession d’un grade universitaire qui ouvrait toutes les portes. C’est, soit dit en passant, à ce moment que s’ouvrirent les établissements où l’on préparait spécialement au baccalauréat ; ces maisons, quoique l’enseignement y fût machinal, artificiel, parfois, assure-t-on, abrutissant, ne laissèrent pas de rendre parfois de réels services.

En fait d’heureuses modifications, il faut citer l’introduction du livret scolaire (1890), institution que l’Ecole Alsacienne avait pour ainsi dire devancée, en envoyant au recteur quelques notes sur la valeur de ses candidats. Le livret scolaire, facultatif, devait porter une note du chef de l’établissement ; il devait et doit encore être communiqué aux membres du jury et signé par le président.

Peu à peu, on a donné plus d’importance à cette pièce, dont on ne saurait assez tenir compte, pensons-nous, puisqu’elle donne d’utiles renseignements sur les aptitudes, le travail, les progrès, la maturité des candidats. Elle est d’autant plus nécessaire que l’enseignement a aujourd’hui quelque chose d’encyclopédique et qu’il arrive fréquemment que la nervosité et l’émotion des jeunes gens les empêchent de faire valoir tous leurs moyens.

Quelques pédagogues avaient proposé de remplacer le baccalauréat par un certificat délivré dans l’établissement même où le candidat a fait ses études, et, bien entendu, sous le contrôle de l’Université et de l’Etat.

L’Ecole Alsacienne, quoique plutôt favorable à cette proposition, a pensé que le baccalauréat, tel qu’il a existé et qu’il existe encore en partie, peut être maintenu, quitte à subir une révision dans son ensemble et surtout dans ses détails. Il est certain que les autorités scolaires s’appliquent énergiquement à améliorer la situation, mais cela ne suffit pas ; il faudrait, avant tout, changer les programmes. Quant à la nature dudit examen, nous ne sommes pas loin, certes, de penser que le baccalauréat n’est pas un but, mais un moyen et que notre devoir est avant tout, non pas tant de préparer des bacheliers, qui parfois sont bien médiocres, que de former des hommes en possession d’une véritable culture intellectuelle et morale.

Cet examen doit être la sanction naturelle d’une application consciencieuse et régulière, et non pas une épreuve considérée comme un affreux cauchemar, comme un redoutable ennemi, qu’on aborde avec crainte et en tremblant.

Nous cherchons donc à habituer de bonne heure les enfants à ne pas perdre la tête, à se posséder eux-mêmes, à faire valoir tous leurs moyens, les entraînant ainsi à se présenter aux épreuves avec de réelles chances de succès. Nous ne parlons pas de l’examen lui-même qui, pour l’écrit comme pour l’oral, laisse encore bien à désirer et qui a provoqué des plaintes nombreuses et parfois justifiées. Il faut à tout prix remédier à un mal reconnu qui, sans doute, à. l’heure présente, tend à s’atténuer, mais qui reste inquiétant. Il est certain que, le plus souvent, les membres du jury sont très disposés à être indulgents et tiennent largement compte du livret scolaire ; mais d’autre part une certaine sévérité est nécessaire, si l’on veut relever le niveau des études et donner à l’examen lui-même une importance qui ne soit pas seulement relative. Problème bien délicat que de savoir dans quelles limites doit s’exercer cette sévérité. D’ailleurs, d’une façon générale, on ne saurait assez dire que les études sont en décadence, que les examens sont faibles, insuffisants quant aux résultats. D’où cela vient-il ? A qui la faute ? Certains accusent avec trop de légèreté les professeurs qu’ils ont eus, les examinateurs qu’ils ont affrontés. Il en est, peut-être, qui remplissent mal la tâche qui leur est confiée, mais les principaux coupables ce sont ceux qui se plaignent, c’est-à-dire les parents et les professeurs.

S’il est vrai qu’il y a des examinateurs trop sévères, il faut reconnaître cependant que la principale cause d’un échec au baccalauréat est dans le candidat qui a mauvaise volonté ou manque d’intelligence, ou qui a surestimé sa valeur.

La meilleure recommandation, c’est le labeur régulier. C’est en 1877 que, pour la première fois, l’Ecole Alsacienne a présenté des candidats aux examens du baccalauréat, à la Sorbonne ; les résultats ont été satisfaisants, absolument encourageants. Il en a été de même dans la suite, si bien que la comparaison avec les établissements universitaires a été plutôt en notre faveur. Cela s’explique par le fait que notre population scolaire est plus restreinte que celle des Lycées de Paris, et par le zèle déployé par nos professeurs.

Nos succès se sont toujours maintenus ; cela prouve, quoi qu’en disent ceux qui jalousent un peu l’Ecole Alsacienne, que les études y sont fort vivantes. Sans doute, après l’horrible guerre, un fléchissement a été sensible. Comment le baccalauréat ne se ressentirait-il pas d’un affaiblissement, auquel d’ailleurs beaucoup de nos élèves ont échappé. C’est une crise qui sera conjurée ; des signes manifestes indiquent qu’elle ne durera pas. L’Ecole Alsacienne s’efforce de réagir contre le mal, en inculquant à ses élèves le sens de l’effort, le goût de l’activité et l’amour du travail. S’il est à souhaiter que les élèves qui se présentent à l’examen soient vraiment à la hauteur de l’épreuve, il faut aussi que les sujets (français, latin, langues vivantes, sciences) soient bien choisis ; que les fraudes soient sévèrement punies ; que l’on consulte sérieusement les livrets scolaires, quitte à être plus exigeant à l’oral ; que le jury soit équitable sur la notation des copies, que l’on soit juste et impartial, et que les recommandations n’aient pas trop d’influence sur les examinateurs ; des mesures efficaces ont déjà été prises à ce sujet. Les examens doivent être la récompense normale, naturellement méritée par ceux qu’on appelle les bons élèves.

Lire la suite : Vie de famille

École alsacienne - établissement privé laïc sous contrat d'association avec l'État

109, rue Notre Dame des Champs - 75006 Paris | Tél : +33 (0)1 44 32 04 70 | Fax : +33 (0)1 43 29 02 84