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Séances de fin d’année
La première séance de fin d’année eut lieu vers la fin de juillet 1887.
Théodore Beck : Mes souvenirs, 1890 - 1922
SÉANCES DE FIN D’ANNÉE
La première séance de fin d’année eut lieu vers la fin de juillet 1887 ; elle fut simple et familiale, mais ne manqua pourtant pas d’une certaine solennité. Les fêtes suivantes furent présidées par des personnalités marquantes du monde politique, universitaire, militaire, industriel, social, etc., tous versés dans les questions pédagogiques. La même cérémonie a eu lieu et a lieu tous les ans. « Ce n’est pas une distribution de prix accordés pour telle branche de l’enseignement, avait dit M. Paul BERT précédemment ; en effet l’ensemble des mots s’applique à toutes les parties du programme, et même au travail, à l’effort, à la tenue et à la conduite. Les élèves récompensés reçoivent un simple, mais beau diplôme, portant les notes très bien ou bien. Eloquent et ineffaçable souvenir ! »
Il est intéressant de lire les discours prononcés par les Présidents à ces séances de fin d’année. Ils expriment avec conviction notre raison d’être, notre utilité, notre constante recherche du mieux. C’est bien le moins que ces hommes de haute valeur occupent une place d’honneur dans notre histoire.
Ces discours ont toujours produit le meilleur effet, et les auditeurs ont emporté de ces séances familiales de pénétrantes impressions.
Les présidents des séances de fin d’années
(de 1887 jusqu’à nos jours)
MM. Ferdinand BUISSON, directeur de l’Enseignement primaire, puis député, 1887
Ernest LAVISSE, directeur de l’Ecole normale supérieure, 1888
Jules STEEG (père), député, inspecteur général, 1889
Jules SIEGFRIED, sénateur, puis député, ministre, 1890
Michel BRÉAL, professeur au Collège de France, 1891
BURDEAU, ministre, 1892
Léon BOURGEOIS, ancien ministre, président du Sénat, 1893
Marcel DUBOIS, professeur en Sorbonne, 1894
Albert SOREL, secrétaire général du Sénat, 1895
Alfred CROISET, doyen de la Faculté des Lettres, 1896
Gabriel MONOD, professeur à l’Ecole normale supérieure, 1898 (il n’y eut pas de séance)
Docteur POZZI, sénateur, 1899
Général NIOX, 1900
DESTOURNELLE DE CONSTANT, sénateur, 1901
DUBIEF, député, 1902
RUAU, ministre, ancien élève, 1903
POIRRIER, sénateur, 1904
Louis BARTHOU, ministre, 1905
Paul APPELL, recteur de l’Université, 1906
Georges LEYGUES, ancien ministre, sénateur, 1907
Paul DESCHANEL, président de la Chambre, puis Président de la République, 1908
BIENVENU-MARTIN, sénateur, ancien ministre, 1909
Jean CHARCOT, ancien élève, explorateur, 1910
Alexandre MILLERAND, sénateur, puis Président de la République, 1911
Théodore STEEG, sénateur, ancien ministre, gouverneur de l’Algérie et du Maroc, 1912
GUIST’HAU, ancien ministre, 1913
DELANNEY, préfet de la Seine, 1914
Général MALTERRE, grand blessé, 1915
Général DE LACROIX, écrivain, 1916
MAGINOT, grand blessé, député, puis ministre, 1917
Paul APPELL, de l’Institut, puis recteur, 1918
Général BOURGEOIS, sénateur de l’Alsace, 1920
Jules SCHEURER, sénateur de l’Alsace, 1921
Paul MATTER, ancien élève, avocat général à la Cour de Cassation, 1922
Georges RAYNALD, sénateur, 1923
Cérémonie pour le culte des Morts, 1924
URBAIN, de l’Institut, 1925
Georges RISLER, président du Musée Social, 1926
Charles BÉMONT, de l’Institut, 1927
ROUVILLOIS, médecin général, 1928
Théodore BECK, directeur honoraire, 1929
Paul STRAUSS, sénateur, ancien ministre, 1930
Marcel OUVIER, gouverneur général des Colonies, 1931
André LICHTENBERGER, directeur du Musée Social, homme de lettres, 1932
Emile BOREL, député, ancien ministre, 1933
Nous avons été profondément touchés de l’empressement que ces hommes de grande valeur ont mis à accepter notre invitation. « Prendre place sur le siège du président, à une séance de fin d’années, ont-ils tous dit, est pour nous, représentants des pouvoirs publics, à la fois un grand honneur et un pressant devoir. » Aussi ont-ils été salués chaque fois par de chaleureux applaudissements.
Extraits de quelques discours prononcés par les présidents des séances de fin d’année
1888 : M. Ernest LAVISSE, professeur en Sorbonne : « L’enseignement secondaire doit tenir compte des aptitudes de chacun. Traiter chacun pour soi, selon ses besoins personnels, c’est le grand devoir de l’éducation. »
1889 : M. Jules STEEG, député, inspecteur général : « Vous n’avez pas seulement visé à faire des jeunes gens instruits, vous avez eu une ambition plus haute, celle de faire des hommes et de former des caractères. »
1890 Jules SIEGFRIED, député : « C’est l’honneur de l’Ecole Alsacienne d’avoir, la première en France, pris l’initiative de réformes dont la valeur a été hautement reconnue. Vous avez conquis les droits les plus sérieux à la reconnaissance des pouvoirs publics. »
Lettres et discours
1891 : M. Michel BRÉAL, membre de l’Institut : « Former des hommes capables de suffire à une tâche redoutable, des hommes de coeur et de tête, de vrais citoyens d’un Etat libre, tel est le rôle assumé par l’Ecole Alsacienne. »
1892 : M. BURDEAU, ministre : « L’Ecole Alsacienne subsistera, parce qu’elle est digne de subsister. Vous êtes les auxiliaires de l’Université que vous complétez par la liberté de vos tentatives, par la hardiesse de vos essais, par l’originalité de votre direction. »
1893 : M. Léon BOURGEOIS, ministre, président du Sénat : « L’Etat doit favoriser et seconder des établissements libres, laïques, animés de l’esprit qui domine l’Ecole Alsacienne. L’Etat, en vous aidant à traverser des heures difficiles, n’a pas seulement fait oeuvre de sentiment, il a fait oeuvre de raison et d’intérêt bien entendu. »
1896 : M. Alfred CROISET, de l’Institut, professeur en Sorbonne : « C’est pour moi un vrai plaisir de saluer dans l’Ecole Alsacienne deux grandes choses, d’abord une oeuvre d’initiation individuelle, ensuite un auxiliaire précieux de l’Université. On respire chez vous le vrai patriotisme, le sentiment du devoir. »
1897 : M. Gabriel MONOD, de l’Institut : « Répondez à l’appel de votre pays en vous préparant par le travail, par un effort constant, afin d’enrichir votre esprit et d’ennoblir votre âme. C’est ce qu’on vous apprend à l’Ecole Alsacienne. »
1900 : Général NIOX, professeur à l’Ecole supérieure de guerre, auteur de remarquables travaux d’histoire et de géographie : « Votre but a été le relèvement de la patrie. Vous avez été des novateurs ; aussi quand, chaque année, le Parlement renouvelle la subvention qui vous est attribuée comme un hommage plutôt que comme une aide, une sympathie unanime salue le nom de l’Ecole Alsacienne. »
1902 : M. DUBIEF, député : « J’admire sans réserve l’oeuvre d’enseignement et surtout d’éducation qui s’accomplit en cette maison. Dans la réforme des programmes, vos maîtres ont été des précurseurs. Ici, ce n’est pas un esprit de caserne ou de couvent ; aussi le Parlement républicain n’a-t-il pour l’Ecole Alsacienne que de vives sympathies. »
1905 : M. Louis BARTHOU, président du Conseil des Ministres et membre de l’Académie Française : « Tous ceux que préoccupe l’éducation nationale savent les efforts qui ont été faits et les résultats qui ont été obtenus dans cette simple et noble Maison. Vous restituez à l’Etat, en exemples et en services, la subvention que vous recevez et je ne sais, à vrai dire, si, tout compte fait, il n’est pas votre débiteur. »
1906 : M. APPELL, recteur de l’Université de Paris, membre de l’Institut : « C’est par votre Ecole que l’esprit d’éducation est heureusement entré dans l’Eseignement National. Vous avez toujours marché à l’avant-garde de la grande Armée Universitaire. »
1907 : M. Georges LEYGUES, président du Conseil, ministre : « Votre Maison nous inspire une haute estime et l’approbation sans réserve que nous donnons à vos méthodes, au fier et libre esprit de votre enseignement. Votre âme se confond avec l’âme de la France passée, présente et future. »
1908 : M. Paul DESCHANEL, ancien Président de la Répu blique, de l’Académie Française : « Votre Ecole a joué dans l’histoire de l’Enseignement français un rôle original, unique par sa triple influence intellectuelle, morale et civique dont l’Université vous est reconnaissante. »
1909 : M. BIENVENU-MARTIN, vice-président du Sénat : « Votre maisan a une origine qui la rend particulièrement chère à des coeurs français. Vous êtes des novateurs prudents, et les réformes que vous avez réalisées ont été heureuses. Vous avez fait de cette maison une école d’apprentissage du devoir et, au premier rang, du devoir envers la Patrie dont vaus entretenez le culte comme une flamme sacrée. »
1910 : M. Jean CHARCOT, ancien élève, célèbre explorateur : « C’est là, dans cette chère Ecole que j’ai grandi, que j’ai commencé à connaître la vie, que j’ai rêvé à ces voyages lointains... Enfants, aimez bien votre Ecole. Dans les combats que vous réserve la vie, l’esprit que vous avez reçu ici vous aidera à vaincre. »
1911 : M. Alexandre MILLERAND, sénateur, ancien Président de la République : « L’Ecole Alsacienne a conquis dans le monde enseignant et dans l’opinion publique la juste renommée qui lui était due. Ce sont des hommes qu’on veut former ici, des caractères dont nous avons tant besoin. »
1912 : M. Théodore STEEG, sénateur, ministre, gouverneur général en Algérie et au Maroc, ancien professeur : « Votre esprit est essentiellement universitaire. Vous savez garder dans l’Université une originalité précieuse. Rien ne peut m’être plus doux que de constater la prospérité si vaillamment méritée d’une maison à laquelle m’attachent de si durables et de si profonds souvenirs. »
1913 : M. GUIST’HAU, député : « Votre méthode a donné tant de beaux résultats parce que vous êtes toujours à l’avant-garde du progrès au point de vue éducation. »
1914 : M. DELANNEY, préfet de la Seine : « Votre oeuvre est bonne partout, au point de vue de l’éducation et de la collaboration constante de l’Ecole et de la famille... Respectez la conscience nationale. Votre avenir est celui même de la France républicaine. »
1915 : Le général MALLETERRE, grand blessé : « Jamais la vieille vertu latine Fortitudo, la force d’âme, n’a eu un sens plus vrai. Les héros ne sont pas seulement sur les champs de bataille, ils doivent être chez les femmes et les enfants, dans la famille et à l’Ecole. Pour l’instant, ayez confiance. Nos incomparables soldats vous rapportent l’Alsace et la Lorraine. »
1917 : M. MAGINOT, grand blessé, ministre de la guerre : « Il faut que chacun, dans la sphère de ses moyens, fasse son devoir et que chacun, dans son champ d’activité, se considère comme un mobilisé au service du pays. J’ai votre Ecole en grande estime et cela d’autant plus que je suis d’origine lorraine. Haut les coeurs, tous ! »
1918 : M. Paul APPELL, recteur de l’Université, membre de l’Institut : « Le militarisme prussien, l’impérialisme allemand sont abattus. Plus haut a été l’orgueil de ceux qui ont voulu la guerre, plus profonde a été leur chute. C’est à vous, jeunes amis, qu’il appartient maintenant de faire une France rénovée, dans une humanité rajeunie. »
1920 : Le général BOURGEOIS, sénateur, géographe distingué : « Je suis heureux de me trouver dans ce petit coin de Paris qui a toujours été une petite portion de la terre d’Alsace, où se conservaient l’esprit de l’Alsace, ses traditions, ses qualités de race. Sachons, par notre travail, nos efforts et notre culture morale, faire notre France plus grande, plus prospère, plus belle qu’elle ne l’a jamais été. »
1921 : M. Jules SCHEURER, sénateur, grand Alsacien, président de notre Conseil d’Administration, frère de l’illustre sénateur SCHEURER-KESTNER. L’âme meurtrie par la perte de ses deux fils morts glorieusement au Champ d’Honneur, il a, ainsi que sa vaillante épouse, manifesté une héroïque résignation.
« Soyez dignes, mes jeunes amis, de ceux qui, par leur sang, nous ont donné la victoire. Aimez la Patrie par votre travail et votre valeur morale. »
1922 : M. Paul MATTER, de l’Institut, avocat général à la Cour de Cassation, ancien élève : « Nous étions des enfants de la défaite ; vous, jeunes amis, vous êtes les enfants de la victoire. Vos maîtres veulent faire de vous des hommes, des hommes de coeur, de volonté et d’action. La Patrie a besoin d’enfants forts au physique et au moral ;
le bonheur est dans l’action. »
1923 : M. RAYNAL, sénateur : « Tous ceux qui connaissent cette maison en sont épris et sur leurs lèvres, comme sur les miennes, vient spontanément se placer son éloge, accompagné d’un témoignage de sincère affection. »
1925 : M. URBAIN, de l’Institut, professeur à la Faculté des Sciences : « J’ai gardé un souvenir ému et reconnaissant à l’Ecole Alsacienne - où j’ai professé pendant quelque temps -, où l’on forme des hommes libres et consciencieux. Je me suis appliqué à montrer le rôle et l’importance de l’enseignement des sciences physiques dans l’éducation de la jeunesse et la place qu’elles peuvent occuper à côté des autres disciplines, en développant l’esprit d’observation, du raisonnement et du jugement. »
1926 : M. Georges RISLER, président du Musée Social : « Il me semble qu’en acceptant votre invitation, cela me rapprochera pour quelques instants de notre chère Alsace. Elle est si douce l’impression qu’on éprouve ici d’être presque dans notre petite Patrie. Cette Ecole n’a-t-elle pas, pendant 44 ans, maintenu dans tout son éclat le patriotique flambeau de la protestation ? N’a-t-elle pas, pendant la longue et cruelle oppression, constitué, au coeur de la capitale de la France, un véritable petit Etat alsacien ? Nulle part, la tolérance n’a aussi complètement régné. »
1927 : M. Charles BÉMONT, ancien professeur de notre Ecole, de l’Institut : « Professeur à l’Ecole pendant 12 ans, ce furent pour moi des années d’apprentissage. Dans cette maison moderne, des méthodes nouvelles ont été introduites pour l’assainissement de la France. Armez-vous dès maintenant, pour la lutte où la victoire appartiendra à ceux qui auront le mieux su régler et discipliner leurs efforts. »
1928 : M. ROUVILLOIS, médecin général au Val-de-Grâce : « Je savais, en vous confiant mes fils, que les fondateurs de l’Ecole Alsacienne étaient inspirés du plus pur patriotisme, que le libéralisme le plus élevé était une de ses règles fondamentales et que toutes les convictions sincères y étaient respectées. L’instruction, quel que soit son niveau, n’a de réelle valeur que si elle est complétée par une forte éducation morale. Il importe que la culture littéraire soit associée à l’esprit scientifique. La science réduite à elle même est aveugle. Depuis longtemps, le Gouvernement de la République a accordé à l’Ecole sa protection et lui a même exprimé sa reconnaissance. »
1930 : M. Paul STRAUSS, sénateur, ancien ministre : « Comment, après Jules SIEGFRIED, ne pas rendre hommage à Jean MACÉ et à Jules FERRY. Nulle part plus qu’à l’Ecole Alsacienne cette commémoration ne sera en harmonie avec les sentiments de ses fondateurs, de ses administrateurs, de ses professeurs. »
1931 : M. OLIVIER, commissaire général des Colonies, délégué à l’Exposition Coloniale : « L’Exposition vous donnera un jour aussi une leçon d’énergie et d’humanité, elle vous fera mieux comprendre les bienfaits du travail. Vous aiderez, jeunes amis, à bâtir un monde nouveau dont l’Exposition, au physique et au moral, sera comme la garantie d’un avenir meilleur. »
1932 : M. André LICHTENBERGER, homme de lettres : « J’éprouve une grande joie de revoir, pour quelques instants, cette très chère maison où j’ai fait mes premières études... Sachons tous vouloir le vrai et le bien, appliquez-vous mes jeunes amis à faire votre devoir pour honorer votre famille, votre Ecole, votre Patrie tant aimée. En attendant, bonnes et gaies vacances, fortifiantes au physique et au moral. »
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