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La Coéducation

En admettant les jeunes filles dans toutes les classes...

Article du 13 mai 2011, publié par PO (modifié le 22 juin 2011 et consulté 372 fois).

Théodore Beck : Mes souvenirs, 1890 - 1922

LA COÉDUCATION

En admettant les jeunes filles dans toutes les classes, l’Ecole Alsacienne a fait une innovation qui n’avait jamais été tentée dans un établissement d’enseignement secondaire. La proposition avait été faite en 1905 par un membre du Conseil d’Administration. La Direction s’y est associée et le Conseil, à’ l’unanimité, l’a acceptée en principe.

Primitivement, il ne s’agissait que des soeurs de nos petits élèves des classes préparatoires et élémentaires (depuis la dixième jusqu’à la septième inclusivement). Cette initiative eut des adversaires, il fallait s’y attendre ; ils pensaient que cette réunion de garçons et de filles constituerait un danger, aussi bien au point de vue du travail que de la moralité. Il n’en fut rien, bien au contraire. Les petits étaient pour leurs camarades féminins, pleins d’égards, de gentillesse, de prévenances ; les petites avaient le don d’inspirer à leurs camarades masculins, un certain respect, de les entraîner à une attention plus sérieuse et à un désir plus marqué du mieux. Il y avait là un échange bien intéressant de qualités communicatives. Pendant la récréation, on jouait ensemble comme frères et soeurs. Une vigilance constante de la part de la Direction et des Maîtres ou Maîtresses s’imposait naturellement. Toutes les mesures de sécurité furent prises à tous égards.

Ce régime put être étendu jusqu’en sixième et même jusqu’en cinquième ; mais il ne fut pas regardé d’un bon oeil par les autorités scolaires ; Monsieur le Ministre de l’Instruction Publique, après enquête dans différents établissements, fit savoir par un inspecteur général, personnellement plutôt favorable, que les jeunes filles ne pouvaient être admises que jusqu’en septième inclusivement et que toute infraction à ce règlement applicable aux Ecoles libres serait jugée sévèrement. L’Ecole Alsacienne qui, du reste, n’était pas directement visée, se soumit sagement, non sans espérer que, dans la suite, les pouvoirs universitaires seraient moins rigoureux et plus accommodants. C’est ce qui arriva. Peu à peu, les jeunes filles purent être admises en sixième, en cinquième, et finalement il n’y eut aucune opposition à leur admission jusqu’au terme de leurs études.

L’Ecole Alsacienne n’a eu, jusqu’à présent, qu’à se louer de ce nouveau régime, au point de vue des études, des relations journalières et de la moralité. Les études, loin d’être troublées par la présence d’élèves des deux sexes, en sont favorisées ; les jeunes filles, généralement désireuses d’apprendre, sérieuses, ambitieuses, régulières dans l’application, donnent un bon exemple. Très souvent elles occupent les premiers rangs dans les classements ; c’est là un stimulant pour les garçons qui, du reste, acceptent sans mauvais sentiments une lutte très honorable qui constitue une saine et féconde émulation.

Quant aux relations journalières, en classe ou en dehors, il est rare que les jeunes filles méritent de légers reproches au point de vue de la tenue. Les jeunes gens, de leur côté, surveillent mieux leur manière d’être, leur langage. Ils sont prompts à rendre service à leurs condisciples féminins. Celles-ci, de leur côté, se montrent réservées, ne sont pas trop préoccupées de leur toilette, pas trop désireuses de plaire, d’attirer sur elles l’attention de leurs condisciples masculins. Sans doute garçons et jeunes filles ont besoin, les uns et les autres, d’être surveillés de près. Quant à la moralité, nous trouvons, à l’Ecole Alsacienne, que la Coéducation, non seulement n’a pas d’inconvénients, mais présente de réels avantages. Garçons et filles s’habituent à être ensemble ; ce travail en commun est une garantie, une protection contre la légèreté, la frivolité, le relâchement des moeurs, garantie impérieuse en ces temps d’affaissement moral.

La Coéducation, à l’Ecole Alsacienne, est donc un fait accompli. Nous nous en félicitons, avec l’espoir que notre initiative répondra à ce que nous en attendons.

Lire la suite : Éducation physique

École alsacienne - établissement privé laïc sous contrat d'association avec l'État

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