Une journée en Normandie, le récit d’une accompagnatrice (IV/2013)

Une journée en Normandie

Nous nous sommes retrouvés de bonne heure à Port Royal avant d’aller rejoindre les élèves du Collège Ronsard à Tremblay, puis direction Gamaches en Vexin en Normandie où nous sommes arrivés vers 9h15, sous le soleil. Ce dernier ne nous quittera pas de la journée mais sera accompagné d’un petit vent frais.

Nous sommes accueillis par les deux personnes qui vont nous accompagner pendant toute la journée, Grégoire et Paul, qui ont tous les deux un parcours intéressant.

Grégoire est ingénieur, il a travaillé à l’étranger dans les différents segments de la filière agro-alimentaire, en Chine ou au Canada, avant de décider de reprendre l’exploitation familiale, devenant ainsi la 5ème génération à exploiter cette ferme de polyculture et d’élevage. Paul est ingénieur agronome, il a également travaillé à l’étranger, au Laos pour une ONG, puis au Mali. Il connait donc bien l’agriculture en Afrique, ses particularités, ses contraintes, ce qui a permis de faire le lien avec le séjour au Sénégal.

Nous commençons la journée par un pot d’accueil avec tartines de confiture bien appréciées par tous puis la distribution de livrets pédagogiques destinés normalement aux classes de 1ère S mais qui vont constituer aussi un support pour cette journée spécialement préparée pour nos classes de 4ème à la demande des professeurs de SVT des deux collèges.

Les enfants sont répartis en deux groupes puis nous nous rendons sur un coteau non loin de la ferme afin d’avoir une présentation générale de l’exploitation et de son environnement géographique. Celle-ci couvre 400 hectares, destinés à la polyculture (céréales, betteraves à sucre, lin, colza, luzerne) pour la vente et l’alimentation des bêtes élevées sur la ferme, principalement des vaches allaitantes. Certains champs sont consacrés à la pâture. Seules 3 personnes travaillent aujourd’hui à temps plein sur la ferme.

La matinée est consacrée à la définition de l’écosystème et à la compréhension de son fonctionnement. Sont abordées un certain nombre de notions telles que le biotope, la biodiversité, la photosynthèse ou la chaîne alimentaire. Cette activité se déroule dans une petite zone boisée ce qui permet une observation in situ et des applications pratiques comme la recherche des différentes espèces (plantes, champignons, insectes...).

Une petite fosse creusée spécialement permet également de mieux comprendre l’empilement des couches géologiques, le lien entre les éléments organiques et minéraux.

Nous commençons aussi à évoquer les contraintes de l’agriculture en fonction du climat, des caractéristiques des terrains... Nous effectuons un comparatif entre l’organisation de l’exploitation agricole en France et au Sénégal.

C’est l’heure de la pause déjeuner, réclamée avec insistance par les estomacs des participants. Tout le monde s’installe dans la cour de la ferme, au soleil, pour partager le pique nique.

Une fois le déjeuner terminé, les élèves s’intéressent de près au troupeau rassemblé dans une étable en raison du froid qui limite l’herbe disponible dans les pâtures. Ils découvrent les vaches, veaux et taureaux. C’est aussi l’occasion pour eux de comprendre qu’ils ne sont pas au zoo et qu’il faut respecter les conditions habituelles de vie des animaux en évitant une trop grande agitation.

Nous repartons en direction des champs, toujours en demi groupe. La première partie de l’après-midi est consacrée à la compréhension des cycles de production des différents types de culture en fonction des saisons, leurs spécificités et leurs besoins (en azote, potassium, etc.). Nos accompagnateurs expliquent les interventions mécaniques et chimiques mais aussi les pratiques culturales comme la rotation et l’organisation des cultures, l’utilisation des cultures intermédiaires qui permettent de diminuer l’impact environnemental. L’exploitation de Gamaches pratique par exemple le semis direct (sans labour), une méthode encore assez peu utilisée. Elle utilise aussi les cartographies satellites afin d’identifier les zones qui manquent de certains éléments et de doser précisément les apports en engrais en fonction des besoins.

La dernière partie de la journée tourne autour de l’élevage. Sont expliquées la différence entre vaches laitières et allaitantes, l’alimentation, les modes sélection des taureaux en fonction de leurs caractéristiques et de celles des vaches, l’insémination artificielle... Nous discutons aussi des différences entre les méthodes françaises d’élevage (interdiction de l’utilisation systématique d’antibiotiques, obligation de ne pas maintenir toute l’année en étable le troupeau...) et l’élevage intensif pratiqué dans d’autres pays comme les Etats-Unis.

Nous terminons par un petit tour du côté des tracteurs, semoirs, etc.

L’exploitation a aussi en cours un projet de construction d’une installation permettant de produire de l’énergie à partir du fumier.

C’est ensuite le départ vers Paris, après une journée bien remplie, riche en enseignements et qui nous a aussi permis de profiter du grand air. Les enfants semblent contents de cette nouvelle journée de partage, même si la taille des groupes n’a pas permis les échanges plus directs constatés lors des ateliers en effectif réduit réalisés à Tremblay (journal vidéo...).

Voir aussi Une journée en Normandie, le récit des élèves