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L’EA et la famille
Les hommes de tête et de coeur, les fervents patriotes qui ont créé notre maison...
Théodore Beck : Mes souvenirs, 1890 - 1922
Les hommes de tête et de coeur, les fervents patriotes qui ont créé notre maison et ont travaillé à son développement, ont pensé que l’école et la famille devaient être étroitement unies, qu’il devait exister entre ces deux forces une franche et cordiale collaboration. Si elles forment deux foyers dont les rayonnements se confondent, se complètent, ce sera pour les enfants, petits et grands, un inestimable bienfait dans le présent et dans l’avenir, dans la vie tout entière ; si au contraire les deux agents d’éducation sont divisés, s’ils ne s’entendent pas ou ne cherchent pas à s’entendre, les conséquences en seront déplorables, à tous égards, dangereuses même.
Pour réaliser la pensée du premier Conseil d’administration, différentes mesures furent prises dès l’origine, afin d’accomplir une oeuvre solide et progressive.
Il fut donc décidé que le Conseil, c’est-à-dire l’autorité suprême, serait composé presque exclusivement de pères de famille, qui, par leur compétence en pédagogie, leur situation sociale, leur largeur d’esprit, leur dévouement, leur activité pussent et voulussent veiller à la santé, à la prospérité de l’établissement nouvellement fondé, en dehors, bien entendu, de toute étroitesse d’esprit, de toute préoccupation confessionnelle. C’était un très sage début, à tous égards. Pour rendre effectives les relations entre les deux centres d’activité, l’Ecole et la famille, on a introduit dans toutes les classes l’usage des deux carnets : l’un quotidien, servant de correspondance entre les parents et l’autorité scolaire ; l’autre qui, distribué par la Direction tous les samedis, indique les notes de travail et de conduite, les résultats des compositions et des examens de la semaine. Ils doivent être régulièrement signés par la famille qui est ainsi mise au courant du travail et de la tenue de ses enfants.
Les examens publics qui n’existent pas ailleurs, qui sont donc une des originalités de l’Ecole Alsacienne, sont aussi un moyen de rapprochement entre les deux foyers d’éducation. Nous en parlerons ailleurs.
Particulièrement efficaces pour réaliser et consolider les liens entre l’Ecole et la famille, sont les entretiens privés entre le père ou la mère d’une part, quelquefois les deux, d’autre part le directeur, les sous-directeurs et les professeurs. Ces conversations, quand elles sont absolument franches et cordiales, sont d’une incontestable utilité. Elles roulent sur les capacités, l’activité, le caractère, les qualités ou les défauts, sur la vie intérieure ou extérieure, parfois même sur les goûts et l’avenir des garçons et des filles qui nous sont confiés, sur la manière de les traiter, de gagner leur coeur, d’éclairer leur conscience, d’affermir leur volonté.
Il y a, dans cet échange d’idées et de sentiments, d’impressions favorables ou défavorables, un bienfait dont bien des parents ne se rendent pas compte. Combien en est-il qui ne connaissent pas leur enfants, ou qui les connaissent mal ! Combien, qui sont trop durs ou trop faibles, trop violents ou trop indulgents ! Combien, qui ne voient que l’extérieur de leurs enfants et qui n’ont guère souci de leur éducation ! La patience est une vertu indispensable dans l’application des méthodes éducatives. Etant donné toutes ces considérations, on voit quelle importance capitale prend le rapprochement entre l’école et la famille, et cela surtout à l’Ecole Alsacienne qui est fondée sur l’amitié. Ce qui rend aussi nécessaire les relations des deux forces, relations exemptes de tout préjugé, de tout parti-pris, c’est le fait suivant : souvent des pères et mères de famille désirent que leurs enfants franchissent trop hâtivement les différentes classes, sans tenir compte de leur jeunesse, de leur capacité de travail, de leur manque de maturité, et cela malgré les conseils de la direction et ses collaborateurs. L’Ecole Alsacienne veut avant tout former des hommes, tandis que bien des familles ne cherchent qu’à en faire des bacheliers à tout prix. De là des mécontentements, des déceptions, des surprises, causes de mésentente, voire même de désaccord. On en veut au corps enseignant, alors que les parents sont les principaux coupables, puisqu’ils ne veillent guère sur les véritables intérêts de leurs fils ou de leurs filles. Honneur et reconnaissance à ceux qui font exception ! Il est hors de doute que la part de la famille dans l’éducation des enfants est prépondérante. C’est à la maison qu’ils reçoivent les premières impressions, qui jamais ne s’effacent, c’est là que jaillissent les premières étincelles appelées à devenir une flamme bienveillante qui répand la lumière et la chaleur, c’est là que les adolescents et les jeunes gens apprennent le rôle que le coeur, la conscience et la volonté doivent jouer dans une vie utile, belle et harmonieuse. Si ces devoirs sacrés sont négligés par les pères et les mères, la tâche de l’école devient pénible, souvent ingrate, parfois même stérile. L’Ecole Alsacienne, lorsqu’elle constate qu’il y a eu erreur de jugement de la part de la famille, prend cette situation très à cceur et réagit de son mieux ; elle est du reste soutenue et encouragée par de nombreuses familles.
Une coopération sagement combinée et judicieusement partagée entre la vie familiale et la vie scolaire est plus que jamais nécessaire. En effet, à l’heure actuelle, le travail assidu, l’effort personnel sont en souffrance, la discipline volontaire se relâche, la soif d’indépendance est trop ardente, la recherche immodérée du plaisir affaiblit ou détruit même le sentiment du devoir. Oui, il y a dans l’air, surtout depuis l’affreuse guerre, un souffe malsain. C’est là une situation grave, qui impose aux éducateurs une grosse responsabilité.
Le principe de la communion de vie, d’action, de progrès, l’union des esprits et des coeurs entre les deux foyers, sont dans les traditions, dans le caractère de l’Ecole Alsacienne. C’est une de ses forces et non la moindre, une des pages intéressantes de son histoire.
Cette communion se résume en cette convention tacite : « Vous nous donnez vos enfants, nous voulons vous rendre des hommes. Vous demandez qu’ils deviennent de bons élèves, et nous, nous exigeons qu’ils soient pour vous de bons fils et de bonnes filles. »
Nous répétons que la rupture entre les deux foyers ne peut avoir que de funestes conséquences.
L’Ecole Alsacienne veille et veillera : que la famille ne l’oublie jamais !
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