Bon anniversaire ! (1898)

Esprit ferme et coeur indulgent,

Ô chère École alsacienne,

Nous fêtons tes noces d’argent.

*

Bonne École, École modèle,

Ton doux nom, ton nom bien-aimé,

Est comme un asile fidèle

Où rêve un espoir enfermé.

*

Tu n’as point ces vilaines grilles

Des prisons d’État pour enfants,

Où loin des mères et des filles

Ils pleurent des pleurs étouffants.

*

Tu n’as jamais dit que la cage

Rend libre et fort l’oiseau des cieux :

Tu ne dis pas que le plus sage

Est celui qui se tait le mieux.

*

C’est la méthode maternelle

Que suivent tes bons professeurs,

Est-on captif, quand c’est une aile

Qui vous entoure de douceurs ?

*

D’autres prétendent qu’on enseigne

La liberté par la prison.

Et qu’il faut que l’enfant nous craigne

Pour se plier à la raison,

*

Virile école de tendresse,

Tu réponds, toi, qu’on doit savoir,

D’un coeur fort sans qu’il y paraisse,

Courber les enfants au devoir.

*

À quoi veux-tu qu’on obéisse ?

Au seul devoir, fût-ce à genoux,

À l’idéal de la justice,

Et ces maîtres-là sont en nous.

*

Et c’est pourquoi, maison chérie,

Un poète, ami des enfants,

Souhaite, au nom de la patrie,

Que tes espoirs soient triomphants.

*

Rends-les meilleurs que nous ne sommes,

Nos petits, sans trop les punir,

Et par eux, dont tu fais des hommes,