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Hommage des professeurs de l’École
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Michel Deschamps
Professeur d’histoire-géographie
Je ne sais pas si c’est vraiment une anecdote ou plutôt un souvenir qui évoque, me semble-t-il, l’ambiance de l’École quand j’y suis entré il y a plus de trente ans... Au bout de ma première année à l’École, comme j’étudiais déjà le chinois, je m’étais proposé, en compagnie de Chantal Séguy et de Martine Fayet, pour être accompagnateur du groupe d’élèves qui séjournait à Pékin pendant l’été 1984 (deuxième séjour de l’APB). À la fin de l’année scolaire, Monsieur Hacquard a demandé à nous rencontrer pour évoquer ce séjour. Au moment de sortir de son bureau, il nous a glissé d’une voix un peu émue, « Je voudrais aussi vous demander de bien veiller sur Fabienne et son bébé ». En effet, Fabienne qui enseignait alors le chinois, était aussi du voyage et comme elle venait d’être maman, le tout jeune homme venait aussi avec nous. À l’époque, à l’institut des langues de Pékin, il n’y avait ni sanitaires ni salle de bain dans les chambres, il fallait aller au bout du couloir… Il faut croire que mon épouse et toutes les personnes citées ci-dessus ont bien veillé sur la maman et son bébé puisqu’il est devenu un grand David qui a cette année – déjà ! – fêté ses trente ans…
Magali Jequier
Professeur de lettres
Et maintenant une parole de la porte-parole. Une anecdote personnelle qui révèle sur de « petites choses » la grandeur d’âme.
En 1980, il n’était pas courant dans le vertueux corps professoral, de donner naissance hors-mariage.
Enceinte de mon fils aîné, j’allai, en novembre 1980, aller porter la nouvelle à « mon » directeur.
Celui-ci me donne une accolade virile, m’embrasse avec plus d’effusion en apprenant qu’il n’y aurait que quinze jours de remplacement à assurer.
Par la suite, j’appris que Georges Hacquard avait dit à M. Hammel (qui était déjà au courant...) : « Une naissance est toujours une joie et seulement une joie. Alors, il n’est pas question de demander à Mme Jequier si elle compte se marier ! »
Merci, M. Hacquard !
Céline Lauga
Professeur des écoles
M. Hacquard, le « Patriarche enveloppant » !
C’est bien la première émotion que je ressens quand je pense à lui.
Il faut dire qu’il avait été le professeur de ma mère avant que je le rencontre comme directeur d’école au moment de mes premiers pas dans la Maison.
« Sa Maison », dans laquelle M. Hacquard nous accueillait à chaque rentrée scolaire par un petit clin d’œil malicieux, qui nous confortait sans ambages, dans l’idée que nous appartenions tous à « sa famille » !
S’ajoutait à cela, dans mon cas, une petite phrase complice qu’il prononçait en me serrant la main et qui chaque année était la même : « Et votre maman, comment ça va ? »
Il la savait souffrante et prouvait ainsi sa fidélité.
S’il y avait une personne « témoin » à côté de moi il ajoutait alors pour me faire plaisir : « Vous savez que sa mère a eu le Prix de camaraderie ? »
Et c’est comme ça qu’à chaque rentrée, par cette petite phrase réconfortante, il m’indiquait et renforçait en moi ce lien presque filial à la maison alsacienne !
La sienne, celle qu’il a dirigée avec tant d’intelligence, de cultures et de sensibilité « enveloppante » comme un Patriarche… regretté !
Catherine Lozano
Professeur des écoles
Un midi du mois de juin, je suis convoquée pour signer mon contrat d’embauche à l’École alsacienne. C’était mon 1er directeur . Je m’en rappelle comme si c’était hier et pourtant…
Je suis impressionnée de rentrer dans son bureau, il est assis à sa table, se lève et me sert la main, je me sentais toute petite à côté de lui. Il me regarde de la tête aux pieds et me dit avec un petit sourire :
« Vous avez la tenue de votre futur métier ». J’étais habillée d’une jupe verte et d’un corsage à fleurs : à l’époque les institutrices de maternelle étaient appelées « jardinière d’enfants ».
Aussitôt je me sentis rassurée. Et le voilà parti à me parler de l’école, de son école, les yeux brillants, rien ne pouvait l’arrêter, je n’osais poser des questions…
À chaque fois que je rentre dans ce lieu je revois ce moment si chaleureux !
Mireille Berret
Professeur de musique au Petit collège
L’image que je garde de Georges Hacquard est celle de sa participation au concert de départ de Jean-Marie Lazerges le 3 juillet 2009. Une très belle soirée qui restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Georges Hacquard s’est mis au piano, tout est devenu magique. Il nous a fait vivre en interprétant « Les feuilles mortes », une vraie leçon de vie, de jeunesse, de musicalité, d’humour et de nostalgie.
Tout était là, sa présence unique et singulière, sa jeunesse, sa musicalité, son attachement aux personnalités et valeurs de l’École.
En l’écoutant, j’ai reçu de plein fouet et en plein cœur son message. J’ai été admirative et confiante sur la place qu’il accordait à la musique dans l’École.
C’est lui lors de cette soirée qui m’a le plus impressionné.
J’ai toujours pensé qu’être musicien lorsqu’on avait en charge un poste à responsabilités était un plus.
Il m’a également touché par son engagement et son action en faveur de Germaine Tailleferre.
En créant l’association Germaine Tailleferre, il s’est attaché à ne pas faire tomber dans l’oubli l’œuvre et la vie d’une femme musicienne qui était la personnalité féminine du Groupe des six.
Il a écrit un livre sur sa vie et son œuvre qui sont une référence pour ma vie professionnelle.
En tant que femme musicienne, j’y suis très sensible.
Mon plus grand souhait est donc de m’inscrire dans la continuité de son action envers la musique, et transmettre à tous mes élèves l’amour et le besoin de musique .
Josiane Briane
Directrice du Petit Collège jusqu’en 2009
Chère famille Hacquard, lorsque je suis arrivée à l’École, le « règne » de Georges s’était achevé mais sa présence de « fondateur » n’en était pas moins marquante et marquée. Peut-être ai-je toujours associé Georges Hacquard aux fondateurs historiques de l’École alsacienne parce que j’ai découvert celle-ci à travers son livre : Vers une école idéale. Candidate encore à la direction du Petit collège, j’ai eu l’honneur d’être reçue, rue Delambre, autour d’un jus d’orange dont Juliette jugeait certainement le potentiel vitaminé particulièrement opportun au vu des exigences du poste ! Moment heureux pour moi, avant même d’apercevoir la fin de ma démarche. Aimer l’École, servir l’École, être la voix de l’École, par la force de ses convictions et de sa présence faire venir d’autres forces et d’autres talents dans le cercle de l’École, veiller et regarder fructifier ce qui a été semé… Avec mes condoléances et ma sympathie, je voudrais exprimer ma profonde reconnaissance à cet homme heureux, jusqu’au bout, malgré les chagrins, prêt à cultiver, autour de lui, tout ce qui peut-être humanisant.
Joël Bellassen
Professeur de Chinois de 1981 à 1991
En dehors du cas grammatical vocatif, j’avais naturellement pris l’habitude, comme ses proches, de parler de Georges Hacquard sous le nom d’Edgar, probablement en raison d’une déférente proximité qui me liait à lui dès ma première rencontre avec lui en 1981. Une proximité probablement alimentée par le goût commun pour le chant choral, par le souhait que nous partagions de ne pas voir s’éterniser certains conseils de classe avant la retransmission télévisée de certains grands matches, et surtout pour cette propension irrépressible à vouloir explorer toute terra incognita.
À ce sujet me reviennent régulièrement à l’esprit deux souvenirs, qui peuvent paraître anodins, mais qui reflètent assurément la fulgurance d’un esprit visionnaire.
Très tôt, dans les années 80, en réponse à une question de ma part, Edgar m’avait raconté comment fut créé le chinois à l’École alsacienne, à une époque où aucun établissement parisien (et pratiquement aucun en France…) ne dispensait cet enseignement. À la proposition qui lui fut faite, soutenue par de grands sinologues de l’époque, il eut cette réponse immédiate : « Pourquoi pas ! » Réponse d’une concision toute chinoise qui dit tant sur sa vision des choses et sur son ouverture d’esprit. Il y a deux ans, j’ai informé Edgar du chantier que j’avais ouvert, celui de la rédaction d’une histoire de la diffusion du chinois en France depuis le XVIIe siècle, et de mon intention d’y intégrer cette anecdote sur la création du chinois à l’École. Je lui ai rappelé le « Pourquoi pas ! » de génie. Il me dit alors, avec un air faussement ingénu : « J’ai dit ça, moi ? » J’ai cru déceler à cet instant un éclair de malice dans son regard, comme s’il était content que je lui raconte l’anecdote qu’il m’avait lui même racontée 30 ans plus tôt…
Une autre double anecdote : dans le premier cas, c’était quelques semaines après ma première rentrée à l’École alsacienne, soit il y a 33 ans, dans le second cas, c’était en 1987. Dans les deux cas, après avoir pris dûment rendez-vous auprès du secrétariat, j’exposais à Edgar, non sans quelque fébrilité, deux projets inédits et qui en auraient déconcerté plus d’un : à l’automne 1981, pour lui soumettre mon projet de conduire pour la première fois en France des lycéens sinisants en Chine en vue d’un voyage linguistique d’été, et en 1987 pour faire du chinois une matière d’éveil en Jardin d’enfants et en classe de 11e. Dans les deux cas, au lieu d’éventuels « quoi ? comment ? pourquoi ? mais… il faudra qu’on en reparle, etc. », la réponse de Georges Hacquard fut la même dans les deux cas : « Vous avez carte blanche ! ».
En peu de mots, tant de choses étaient dites, tant d’élan donné, tant de confiance dans le mouvement des choses sous le Ciel…
Annie Boudesseul
Professeur d’Allemand de 1974 à 2003
Je suis arrivée à l’École alsacienne en septembre 1974, impressionnée par sa réputation, intimidée par le charisme de son directeur, Georges Hacquard, qu’ensuite j’ai comparé à un empereur romain : le port de tête, le maintien, la voix vibrante de conviction.
Un jour de cette première année, par une boutade concernant mon nom, « Vous êtes souriante, c’est heureux pour nous », j’ai découvert que Monsieur Hacquard était aussi malicieux, affable.
Mise à l’aise, j’ai eu envie d’ouvrir mon cœur : « Je me sens si bien à l’École ». La joie d’être à l’École fut pertubée, menacée par les deuils, par la maladie. Chaque fois, j’ai ressenti son empathie émue, chaleureuse.
Merci Monsieur Hacquard.
Yves Denis Papin
Documentaliste de 1965 à 1997
Le voyage dans le Quercy demeure une des grandes réussites de Georges Hacquard, conçue et réalisée par lui. Quand nous rentrions les yeux pleins de causses, de moutons de M. Méric, de tympans romans…, le dîner était un moment attendu de tous. Les adultes avaient droit à du Cahors, fleuron de la région ! Et là, notre directeur demandait au serveur de mettre une bouteille au réfrigérateur, ou, à défaut, d’apporter des glaçons. Tête du garçon qui laissait apparaître sur son visage une légère réprobation ! Suivie, il faut le dire, par nos protestations (Lamy, Miquel, Brissiau, moi-même… ) devant ce qui était, à l’époque, sacrilège ! Mais Georges Hacquard était, dans ce domaine, comme dans tant d’autres, un précurseur, puisqu’aujourd’hui, il est de mode de servir le vin rouge frais, à défaut de glacé !
Fernand Pau
Professeur d’espagnol
Georges Hacquard avait réuni son personnel pour l’inviter à se faire vacciner contre la grippe afin de lutter contre l’absentéisme. À quelque temps de là, il m’aborde dans une cour de récréation, et me demande gentiment si je me suis fait vacciner. Réponse : « Monsieur le Directeur, je n’ai jamais attrapé la grippe et je ne voudrais pas que le vaccin détraque un organisme qui marche bien. Mais si je suis victime de la présente épidémie, je vous promets de me faire vacciner tous les ans. »
C’est lui qui, en dépit de la vaccination, eut la grippe.
Ruth Adler
Professeur de sculpture
Nos trois enfants ont été élèves de l’École alsacienne et c’est en 1974 que fut lancé un appel aux parents d’élèves et aux anciens élèves artistes, pour constituer une tombola faite d’œuvres au profit de la reconstruction d’une partie de l’établissement. À cette occasion, Monsieur Hacquard a vu une de mes petites sculptures, une figurine d’une femme enceinte, un peu à la manière d’Henry Moore. Elle lui avait plu et quelqu’un l’a achetée pour la lui offrir.
À la même époque, certains élèves avaient fait une scolarité partielle aux États-Unis et lui ont fait part d’une expérience vécue outre-Atlantique : un atelier de sculpture sur bois et pierre.
Monsieur Hacquard s’est alors adressé à moi, me demandant, si je pouvais me charger de la création d’un tel atelier. Je lui ai répondu, que je le ferai avec joie, mais qu’il fallait disposer pour cela d’une certaine quantité d’équipements. Heureusement, cela ne posait pas de problème, l’ébéniste très doué de l’École s’est chargé de la construction de deux établis de huit places chacun pour la sculpture sur bois et le reste de l’équipement nécessaire fut acheté. Grâce à des amis, j’ai pu disposer de troncs de bois, de pierres de Paris de certains chantiers et, plus tard, même de béton cellulaire plus facile à travailler pour les plus jeunes.
Lorsque j’avais donné mon accord et dit ma joie et mon intérêt à enseigner de l’art à des élèves, j’avais aussi avoué à Monsieur Hacquard n’avoir jamais reçu une formation pédagogique et que cela m’inquiétait tout de même, considérant la tâche qu’il voulait me confier. Il m’a répondu en riant, que personne du corps enseignant n’avait reçu une telle formation. Cela m’a beaucoup surpris, mais j’ai accepté et me suis lancé. Je peux ajouter, que Monsieur Hacquard était toujours à mes côtés pour m’encourager lorsque je venais lui exposer la méthode de transmission, que je comptais choisir. C’était un soutien merveilleux et je lui suis très reconnaissante encore aujourd’hui.
Mathilde Burin des Rosiers
Professeur des écoles de 1956 à 1986
Au-delà de son rôle de directeur, nous avions de vraies relations d’amitié. Mais on sait bien que l’on n’est pas éternel sur cette terre. Georges Hacquard avait une stature hors du commun, passionné dans tout ce qu’il entreprenait, si doué en musique et dans le littéraire, entre autres. Il m’a beaucoup marqué. Ainsi que tous ceux qui l’ont connu. L’École lui doit beaucoup et ne l’oubliera pas. La revue de l’École m’intéresse toujours, je la lis. Heureuse de voir que l’École est toujours bien vivante et novatrice. Les trente années passées à l’École sont un merveilleux souvenir. Le tandem Hacquard-Aeschimann, c’était quelque chose.
Isabelle Souvras-Castellani
Professeur d’Économie
Sa personnalité, sa conception visionnaire de ce que devait être une école, son charisme, son sens du travail en équipe, dont il restait le capitaine en toutes circonstances dans le calme et la tempête, tout cela sera certainement mieux exprimé par d’autres que moi. Personnellement, je lui dois beaucoup, il m’a accordé sa confiance en me recrutant comme professeur alors que je n’avais aucune qualification pour ce métier et il m’a permis d’avoir une seconde vie professionnelle d’une très grande richesse, à laquelle j’ai pris un immense plaisir ; je le dois à sa grande liberté, ignorante des conformismes. Il a fait partie de ma vie pendant cinquante ans car après son départ de l’école, nous nous rencontrions dans le quartier et sa malice était toujours la même et nos échanges « enlevés » !
Élisabeth Jeanneney
Professeur de Mathématiques jusqu’en 2013
Une page se tourne mais son souvenir est et restera dans notre cœur.
J’ai eu la chance de travailler à ses côtés dans une École qu’il a tant marquée par sa générosité, son sens de l’humain et sa bonne humeur. Il a toujours accueilli ses professeurs comme les membres d’une « grande famille » qu’il aimait avec bienveillance. Puis les liens ont été très vite plus étroits grâce à vous, Yann, Marine, Valentine et Daphné que j’ai eu comme élèves mais aussi Sandrine, David, Romain et Emmanuel que j’ai toujours connus. Vous savez combien ses petits enfants comptaient dans sa vie. Et cet amour était réciproque…
Thierry Gaulier
Professeur de Sciences physiques
Bien éloigné depuis plusieurs années de l’École alsacienne, je reste très sensible à tout ce qui le touche. J’y ai laissé mes meilleurs souvenirs, autant par les relations chaleureuses avec toutes les personnes que j’ai eu la chance de côtoyer que par mes souvenirs d’enseignant. L’École et mes collègues m’ont tellement appris… C’est surtout grâce à l’excellente ambiance de sérieux et de bonne humeur qu’avait su y instaurer son directeur d’alors. Avec le temps, je me rends compte que je n’ai jamais pu le remercier de la confiance qu’il m’avait faite à mon arrivée en septembre 1978 !
Jacqueline Buisson
Professeur des écoles de 1954 à 1956 et de 1959 à 1993
Rentrée de la classe de 11e3 en 1964. Local située au rez-de-chausée de la cour Babar.
Il était 9h, tous les enfants accompagnés de leur parent pour la plupart attendaient devant la porte de leur nouvelle classe. Des enfants aux beaux visages, couleur de vacances. Les uns très souriants, d’autres avec une petite larme à l’oeil, surtout les nouveaux et un certain petit garçon pleurant et trépignant. C’était Laurent Hacquard avec son papa qui essayait de le calmer. La classe a commencé, chacun avait envie de parler, de raconter et toutes les activités présentées ont vite donné à chacun l’envie de participer. La matinée a passé très vite et l’heure de déjeuner arrivait. Certains enfants rentraient à la maison, les autres déjeunaient à l’École.
À 14h, Monsieur Hacquard arrivait avec Laurent en larmes et criant « Non, non ! ». Monsieur Hacquard m’explique, « Quand j’ai dit à Laurent dépêche-toi, on va à l’école, il m’a répondu : Mais j’y suis déjà allé ce matin ! ». Il me quitte en disant, « Ça va lui passer ». Effectivement tous les enfants se sont mis au travail y compris Laurent, souriant et content.
Le jour suivant, même comédie ! Monsieur Hacquard tenait le bras de Laurent et le tirait avec force alors que son fils résistait en traversant les cours (la famille Hacquard habitait dans un appartement côté rue Notre-Dame-des-Champs) où des grands élèves stationnaient et chuchotaient à leur passage « Bourreau d’enfants » (c’était l’époque de Fernand Raynaud).
Le 3e jour, même scénario ! Monsieur Hacquard furieux, arrivait dans ma classe et me dit « Je ne suis pas le directeur mais le père d’élève qui vous demande ce que je dois faire avec lui, cela ne peut plus durer ! » Laurent écoutait notre échange. Je répondais « Monsieur Hacquard, c’est simple » (et regardant Laurent droit dans les yeux), « Laurent, tu es en 11e depuis deux jours et tu es un grand maintenant et je suis persuadée que tu es capable de venir tout seul de chez toi jusqu’à ta classe. Papa est certainement de mon avis. Monsieur Hacquard, Laurent ne veut pas que vous le preniez pour un petit de la classe maternelle. Il ne risque rien en traversant les cours et les deux entrées sur rue sont gardées. Alors ayez confiance en lui et tout ira bien (au besoin demain suivez le des yeux de loin). »
Monsieur Hacquard me dit : « Je vous remercie, je n’y avait pas pensé. »
Conclusion : le 4e jour, Laurent est bien arrivé jusqu’à la classe et m’a dit : « Tu vois, je suis venu tout seul ce matin » et il avait un grand sourire. Je l’ai embrassé.
Dominique Frappat-Libois
Psychologue scolaire
Évoquant Georges Hacquard je ne peux pas ne pas avoir une pensée pour sa merveilleuse épouse, Juliette. Elle l’aura accompagné avec une grande discrétion et une belle présence.
Lorsque notre fils aîné, Jean-Baptiste, était à l’École, il y a trois décennies, Juliette lui adressait régulièrement des poèmes à propos d’un « marronnier fou » situé juste au pied de notre immeuble. Il fleurissait à contretemps, ce qui faisait beaucoup rêver Juliette et intriguait nos enfants. Elle aimait la poésie de cet arbre paradoxal qui a aujourd’hui bien grandi. Georges Hacquard, lui aussi, à sa façon, aimait les êtres, les élèves, paradoxaux, originaux. Il leur faisait confiance.
Chaque fois que nous regardons ce marronnier nous pensons à Juliette Hacquard et à son époux.
Télécharger ici l’intégralité du numéro spécial des Cahiers de l’École alsacienne, « Hommage à Georges Hacquard ».
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