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Sur les balcons du ciel

Article du 2 mars 2015, publié par PO (modifié le 2 mars 2015 et consulté 123 fois).

Sur les balcons du ciel

Extrait de Sur les balcons du ciel, éd. La Compagnie, 2012


J’étais né le jeudi 18 juillet 1918 à huit heures du matin. D’où mon « chiffre » : le 8 ! Mon nom comporte huit lettres et débute par la huitième lettre de l’alphabet. On m’avait donné trois prénoms : Georges (Papa s’appelait René-Georges), Charles (du nom de ma marraine Charlotte) et Louis (en l’honneur de la mère de Parrain prénommée Louise).

René, le quatorzième d’une fratrie de quinze, mon père, avait été évacué, blessé du côté de Verdun (il avait gagné la croix de guerre), il avait été affecté à la Poudrerie de Toulouse ; c’est là qu’il avait fait la connaissance de Marcelle (ma mère), sténodactylo à la même Poudrerie et ils se marièrent. Il était parisien, beau garçon. Il était appelé « l’étranger ». Il est vrai que le Toulousain n’aime pas beaucoup les immigrés et spécialement les Parisiens, qui la ramènent « avé » leur accent « pointu ».

Papa était un artiste. Il avait à peine quatorze ans qu’avec quelques économies il s’était offert un violon et c’est ce sur ce violon que j’ai pris mes premières leçons. Maman, comme toute bonne jeune fille de l’époque, avait appris le piano. J’étais heureux lorsque l’un et l’autre jouaient ensemble, violon-piano : c’était rare et d’autant plus merveilleux.

Mon grand-père avait été rassuré quand il avait su que je recueillais dans les corbeilles du lycée des paquets de copies laissées pour compte, simplement pour avoir le plaisir des les corriger. Maman aussi, qui sous la lampe à pétrole, attendra chaque soir, en tricotant, que j’aie terminé mes devoirs, mes devoirs que je ne commençais que très tard, une fois l’heure passée de pouvoir jouer du piano. Quand j’arrivai en septième, je préparai le concours des Bourses d’Etat. J’eus la chance de le réussir et dès lors de ne plus obérer les finances familiales. Repas de midi, livres, tout était gratuit. On put alors me faire donner des leçons de piano et, un peu plus tard de violon sans qu’elles pèsent trop sur le budget.

Le Lycée était devenu pour moi une sorte de havre. Pas tout à fait au début : à la récréation du soir, en automne, quand il faisait noir dans la cour des tilleuls, j’avais souvent envie de pleurer. Les copains se moquaient de moi, eux étaient blindés. Bientôt je sus prendre le dessus et assez rapidement je choisis mes amis. En sixième, nous nous étions inventé une île, que nous gouvernions. Moi, j’étais Félicien Bédaride, ministre de l’Instruction publique.

M. Bourciez me faisait aimer le latin. C’était du latin vivant : la moindre des phrases me faisait penser au théâtre. Avec deux mots, domina, la maîtresse, et ancilla, la servante, on créait une scène, qui pouvait être sympathique ou dramatique selon le verbe que l’on plaçait entre les deux.

En quatrième, un camarade nous fit découvrir le texte d’un auteur dont je n’avais jamais entendu parler. Il s’appelait Paul Verlaine et le poème Soleils couchants :

Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants…

Je fus impressionné : cela, c’était de la poésie, c’était la Poésie. Mais ce n’était pas seulement de la poésie, c’était de la musique. De la musique faite avec des mots ! Je décidai d’emblée que je serais moi aussi un « poète symboliste ».

Télécharger ici l’intégralité du numéro spécial des Cahiers de l’École alsacienne, « Hommage à Georges Hacquard ».

Liens :

Revue de presse : trois articles évoquant Georges Hacquard, dans Le Figaro, Le Monde et La Croix.

Georges Hacquard : Histoire d’une institution française : l’École alsacienne

Bibliographie de Georges Hacquard

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