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L’École alsacienne à Chambord (1974)
Cahiers de l’EA, 34, 1974
L’École alsacienne à Chambord : prélude aux festivités du Centenaire
par Yvan Gradis, élève de Seconde
Étaient conviés, grâce à générosité du Commissariat à l’aménagement du Domaine de Chambord, tous ceux qui avaient donné leur accord pour participer activement à la préparation du Centenaire de l’École. Pour ceux qui n’avaient pas la possibilité d’utiliser une voiture personnelle, deux cars étaient prévus. J’étais de ceux-là.
Il était midi et demie quand nous avons quitté l’avenue de l’Observatoire, sous une pluie assez dense. Un peu plus de deux heures plus tard, les cars pénétraient dans le parc de Chambord. Une pancarte annonçait la présence d’animaux, sangliers, biches, et le respect des lieux. Nous étions à peu près les seuls à traverser la forêt domaniale. Soudain au tournant de la route apparut le château, très proche. [...] Une fois sur place j’ai pu admirer le paysage : à perte de vue, des arbres éparpillés sur une plaine plate et vaste, quelques maisons ; mais ce qui attirait surtout mon attention, c’étaient les multiples cheminées et les tourelles, qui donnaient à la partir supérieure du bâtiment une allure déchiquetée tellement originale.
Le concert. À 4 heures, je suis retourné à la chapelle pour écouter le concert. La salle fut bientôt remplie. Une porte, sur la droite, s’ouvrit et laissa entrer le musiciens, vêtus de chemises blanches ; chacun, muni de son instrument, s’installa devant son pupitre, ainsi que M. Hacquard devant le clavecin de l’École, qui avait été spécialement transporté de Paris. On pouvait voir, parmi les musiciens, de très jeunes comme de moins jeunes, dont M. Lesueur, violoniste, assis au premier rang. Les applaudissements qui avaient accompagné cette entrée reprirent dès que M. Michel Rothenbuhler, le chef d’orchestre fit son apparition. La musique commença aussitôt : Lully, Corelli, Bach, Vivaldi… On sentait un chef de grand talent, qui entraînait Georges Hacquard, dont on devinait la joie d’être au même rang que ses élèves. [...] Après ce très distrayant et remarquable concert, pendant plus d’une heure nous avons pu de nouveau parcourir librement les différents endroits du château, visiter les appartements et autres salles de l’édifice.
Le spectacle. À 18h30, dans la salle spécialement aménagée au premier palier de l’escalier de Léonard de Vinci, tout le monde était de nouveau réuni. L’idée était géniale d’avoir installé la scène contre l’escalier, qui lui servait de fond et de coulisses, face aux baies vitrées qui envoyaient les spots du soleil couchant dans les yeux des acteurs. C’est Molière qui était au programme ; Molière, dont Le Bourgeois gentilhomme et M. de Pourceaugnac avaient été crées ici-même ; ce soir, il s’agissait du Malade imaginaire. Je n’avais jamais eu l’occasion auparavant de voir une pièce jouée par les acteurs de l’École et j’ai été boulversé par la qualité de ceux-ci. Les gens ont ri de bon cœur ; une atmosphère plus qu’amicale régnait, puisque spectateurs et comédiens, en quelque sorte complices, se connaissaient entre eux. [...]
Le pavillon de chasse. La traversée de la forêt se fit dans une nuit noire. Et quel ne fut pas l’étonnement joyeux de ceux qui ont eu la chance d’être dans le même car que moi, quand soudain, une dizaine de biches traversèrent la route à cinquante mètres en avant, en plein faisceau des phares ! Certains aussi, dans les arbres, galopaient aux côtés du car. Pour nous, citadins, ce spectacle rare était particulièrement apprécié. Le car s’arrêta, tout le monde descendit. Pour arriver au pavillon de chasse, il nous fallut marcher pendant trois cents mètres dans l’obscurité calme des arbres, en longeant les étangs. Parvenu à l’endroit où l’on nous attendait, nous avons pu voir une charmante maison forestière. Au centre d’une grande salle aux murs et aux poutres de bois, un foyer était allumé. Tout autour du foyer étaient disposées des tables, couvertes, à la grande joie des touristes affamés que nous étions, de mets riches en qualité comme en quantité. Chacun apaisa sa faim et sa soif, dans une atmosphère chaleureuse. Vers 10 heures, le soir, les participants ayant regagné les cars, le convoi retourna devant « l’Auberge du Château », où les propriétaires de voitures purent retrouver celles-ci et renter à Paris. Les cars en firent autant, le dernier étant celui de l’orchestre, dont les occupants avaient dû revenir au château chercher leurs instruments. Le château de Chambord demeurait seul, dans le ciel sombre, dressant sa batterie de cheminées à peine perceptibles dans l’obscurité.
École alsacienne - établissement privé laïc sous contrat d'association avec l'État
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