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Les trois nouveaux, i.e. les trois nouvelles (2009)

Cahiers de l’EA, 69, 2009

Article du 18 juin 2009, publié par PO (modifié le 10 avril 2014 et consulté 2070 fois).

Carmen Cenden, Linda Garcin et Hélène Fieschi sont trois nouveaux professeurs à l’École, trois jeunes femmes qui enseignent respectivement l’espagnol, l’anglais et le français.


Un vendredi en début d’après-midi. Nous avons enfin réussi un trouver une heure commune pour ce qui doit être un entretien informel. La salle de réunion est libre, nous nous y installons, je branche le magnétophone. Nous oublions très vite la présence de ce dernier, le dialogue s’installe, les échanges sont riches et souvent joyeux. Bref, une heure trop vite passée ! Je vous en livre quelques extraits...

(L’entretien a été réalisé en avril 2008.)

Romain Borrelli : Carmen, j’ai cru déceler un léger accent espagnol, dois-je en déduire que vous avez quelque origine du côté de la péninsule Ibérique ?

Carmen Cenden : En effet, je suis originaire de Saint-Jacques-de-Compostelle et d’Andalousie ! D’abord vous devez savoir que Paris est pour moi un concours de circonstance. J’ai fais mes études à Rennes et à Paris, puis direction l’Espagne ! Je devais initialement travailler soit en Espagne, soit en Amérique centrale pour un projet humanitaire mais pour des raisons personnelles cela ne s’est pas fait…J’ai obtenu une bourse pour exercer en tant qu’assistante de conversation au lycée international Voltaire à Genève, puis je suis montée à Paris pour découvrir la vie parisienne pour trois ou quatre mois, et cela fait maintenant sept ans que j’y habite ! Mais aujourd’hui l’Espagne me manque de plus en plus, et je suis certaine que je passerais mes vieux jours en Espagne, surtout quand je vois chaque matin le ciel gris parisien !

RB : Et vous, pouvez-vous nous résumer votre parcours ?

Linda Garcin : En ce qui me concerne, mon poste à l’Ecole alsacienne est mon premier poste, car j’étais stagiaire à l’IUFM l’an dernier, et je me rends compte que je suis extrêmement privilégiée. En fait je dois vous avouer que je ne connaissais pas l’Ecole alsacienne, même de nom, car je viens d’Aix-en-Provence. Lorsqu’il a fallu regarder au mouvement national où il y avait des postes de disponibles, j’ai noté que l’Ecole proposait un poste avec la spécificité d’enseigner l’anglais en classe européenne, c’est cela qui a retenu mon attention. Il fallait de toute façon que je me résolve à quitter Aix car il n’y avait pas de poste de disponible dans la région. Et là, première surprise lors de l’entretien avec M. de Panafieu, il n’avait pas l’accent alsacien ! Plus sérieusement, j’ai tout de suite compris lors de cet entretien de quelle école il s’agissait.

Hélène Fieschi : D’abord, je dois vous avouer que je suis légèrement plus âgée que mes deux camarades ! L’Ecole alsacienne est ma seconde expérience professionnelle, car j’ai passé au préalable dix années à enseigner le français en région parisienne, plus précisément dans un lycée public à La Courneuve en Seine-Saint-Denis. Et j’ai fais cette année un virage professionnel à 180 degrés ! L’arrivée dans cette école a été pour mou assimilable à une redécouverte de mon métier et je n’hésiterais pas à employer le terme de renaissance ! J’ai énormément souffert pendant ces années d’enseignement en banlieue. Car une fois passée la phase initiale de découverte accompagnée d’une certaine exaltation face à l’ampleur de la tâche et au défi proposé, très vite s’est installée la frustration, puis le désenchantement et surtout la lassitude. On début on est enthousiaste, on aime nos élèves, on veut les aider à progresser. Mais le manque de moyens, et surtout de reconnaissance mettent à mal très rapidement toutes ces bonnes dispositions. Et j’ajouterais que ni notre hiérarchie, ni les parents et ni les élèves ne nous encouragent dans notre tache. Ce qui est désespérant c’est que les années s’écoulent et qu’aucun élément nouveau ne survient : rien n’est fait pour vous aider, et rien n’est tenté ! J’ai vécu cela comme une lente mort intellectuelle et professionnelle : au fil des années je ne lisais plus, je n’avais plus envie de travailler, de préparer mes cours.

J’ai tenté une première fois de partir en 2001. J’ai postulé au lycée français de New York, cela a marché et j’ai été recruté à l’époque par Jacques Donadieu qui y travaillait. Mais cela ne s’est pas fait car le rectorat a refusé ma mutation. J’en ai nourri un très grand ressentiment et surtout une très grande frustration. Je l’ai vécu comme une brimade : pour moi la porte s’était refermée, jamais je ne pourrais quitter la banlieue, et pendant sept ans j’ai végété !

Et puis le miracle l’an dernier ! Dans un premier temps j’obtiens le droit de quitter mon lycée. Puis une amie me signale qu’un poste était vacant à l’Ecole alsacienne que je connaissais de réputation. Au départ je me dis que je n’ai aucune chance. Puis j’apprends que le censeur s’appelle Jacques Donadieu et qu’il m’avait déjà recruté une première fois… Donc je tente ! Et cela marche ! Mais je n’y ai cru qu’au mois de septembre quand l’arrêté d’affectation est arrivé entre mes mains et que c’était écrit noir sur blanc.

RB : Bon, passons à l’Ecole alsacienne. Qu’en dire ?

CC : J’ai passé le CAPES d’espagnol et j’étais dans le mouvement national, je cherchais un complément d’horaire, et l’Ecole alsacienne recrutait. J’ai passé un entretien et voilà ! Aujourd’hui je partage mon emploi du temps entre l’Ecole et l’ESSEC (Ecole supérieure de Sciences économiques et sociales) où j’enseigne également l’espagnol.

Je me sens bien intégrée à l’Ecole, qui donne beaucoup aux élèves, qui fait preuve d’un enseignement tel que je le conçois. Du reste, si j’avais des enfant je les mettrais sans hésiter à l’Ecole. L’apprentissage des bonnes manières et de la vie quotidienne en société me plait beaucoup tel qu’il y est dispensé. Les nombreuses opportunités pour partir à l’étranger en voyage ou en échanges sont essentielles à mes yeux, surtout pour moi qui enseigne l’espagnol, et au regard de mon profil « international ».

Par contre, étant originaire d’un pays où l’on s’adresse très facilement la parole, j’ai été très étonnée à mon arrivée de constater la réserve dont mes collègues faisaient preuve. J’ai mis cela sur le fait que j’arrivais dans une grande structure où les gens peuvent simplement se croiser sans se connaître, du moins au début. Par contre l’accueil au niveau de la direction a été exceptionnel, je tiens à le souligner.

LG : Je confirme cette dernière phrase et je dois vous avouer que je suis extrêmement reconnaissante à l’Ecole de m’avoir embauché, et donc de me faire confiance, alors qu’il s’agissait de mon premier poste. Il faut le souligner car cela n’est pas si courant de nos jours.

J’ai le sentiment dans mon travail quotidien à l’Ecole alsacienne d’avoir une très grande liberté, de pouvoir évoluer sans être jugée en permanence, et cela est très agréable ! Je me sens également soutenue, notamment par l’équipe d’anglais qui d’emblée m’a mise à l’aise et m’a précisée qu’il ne fallait pas que j’hésite à faire appel à eux en cas de besoin, quel qu’il soit. Par ailleurs il faut souligner que nous disposons de moyens pédagogiques assez impressionnants, et je pense ici à l’enseignement des langues pour lequel nous disposons d’un laboratoire multimédia ! J’y ajoute les vidéo projecteurs et autre matériel… Tout ce qu’il faut pour travailler dans des conditions exceptionnelles. Mais il faut se mettre à la hauteur des attentes de nos élèves qui ont en anglais un niveau général remarquable. En terminale classe européenne, je fais quasiment cours dans une classe bilingue. C’est un plaisir immense mais cela nécessite une préparation intense des cours et c’est normal.

HF : C’est le bonheur total ! J’ai redécouvert mon métier et surtout j’en ai compris le sens. J’aime tout : mes classes, les élèves, les lieux ! Le bonheur de transmettre à des élèves attentifs, curieux, heureux d’être là. Je viens d’un milieu hostile dans lequel la culture n’avait aucun prix et aucune valeur, et c’est une sacrée différence !

Ce qui fait à mon sens toute la différence ici, c’est le contrat : les élèves ont choisi d’être dans cette école, et pas dans une autre. Ils sont donc contents d’être ici et ils respectent cet engagement. Je trouve qu’il y a chez nos élèves le désir d’appartenance à l’Ecole alsacienne, une fierté, une volonté de s’y fondre. Et cela se retrouve bien évidemment dans leur travail.

Le fait de se dire : j’ai été choisie par la direction pour travailler ici te donne énormément de confiance et de motivation. J’ai quotidiennement cela à l’esprit.

RB : Est-ce que en guise de conclusion à cet entretien nous pouvons affirmer que toutes les trois vous comptez rester quelques années au moins à l’Ecole ?

CC + LG + HF : Au moins quelques années si ce n’est plus !

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